vendredi 29 avril 2011

Aux soldats inconnus


Arlington fait face à un problème, un énorme problème. Le cimetière militaire, situé juste en face de Washington DC, a été créé pendant la guerre de sécession.

Il abrite les corps de 320 000 militaires ou anciens combattants qui reposent chacun dans une tombe.

Le problème, c'est que certaines tombes contiennent les restes de plusieurs corps alors que d'autres sont vides.


Tout commence en 2009 lorsqu'une urne est découverte dans une tombe abritant déjà un corps. Au bout d'une semaine de recherche, il s'avère que la tombe contient les restes de huit corps différents.

Toute la direction du cimetière est remplacée. Les familles demandent à ce que la lumière soit faite sur toutes les tombes. Ce qui est chose impossible sans en ouvrir la totalité. L'armée, qui gère le cimetière, décide alors d'engager une centaine d'employés supplémentaires pour faire un premier état des lieux en 2010.


Le rapport préliminaire, sorti en juin 2010, montre que près de 120 tombes notées sur les cartes n'ont pas de pierre tombale et qu'une centaine d'autres ayant des pierres tombales n'existent pas officiellement.

Pas vraiment rassurante, la nouvelle directrice a indiqué qu'elle ne serait pas surprise si l'on découvrait d'autres problèmes. C'est ce qu'on appelle avoir des cadavres dans le placard.


Et la liste des "beaux cimetières"
- Le cimetière de Venise (une île, l'eau, les croix).
- Le cimetière juste en face de notre appartement à Lyon (on allait y promener le grand garçon, quand il était bébé).

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 28 avril 2011

La isba bonita


L'année dernière,
nous étions allés à quelques encablures de la maison, visiter la demeure de Majorie Merriweather Post, une richissime américaine, férue d'art français et russe, jusqu'à y construire une isba.



J'y ai découvert mes deux premiers oeufs de Fabergé, des merveilles d'artisanat, un bonheur pour l'oeil qui pétille de la vue d'ensemble et des surprises cachées. (Ce serait fou d'aller voir tous les musées possédant les 42 chefs-d'oeuvre... Mais pourquoi pas ?).

Hillwood, une des multiples demeures de la dame, est maintenant un musée exposant sa collection d’art française et russe, emplie de porcelaine de sèvres, de meubles français, de tapisseries et de peintures acquises pour certaines, durant les années 30.

Et le parc, entre jardin japonais et statues de faunes et de sphynges, révèle des plaisirs en plein air.







mercredi 27 avril 2011

cursive curse


"La malédiction de la cursive", voici la traduction de "cursive curse". Ainsi, le seul titre potable que j'ai trouvé sonne comme un mauvais film de série Z.

J'aurais pu aussi écrire : " le retour de la revanche de l'écriture attachée" que ce serait du même tonneau. Sauf qu'en anglais, il ne rend pas de la même manière.

Bref, l'heure est grave. Aux Etats-Unis, l'écriture cursive, sans ses pleins et déliés mais avec ses jolies lettres chantournées et attachées, se meurt.

Pensez-vous. De plus en plus d'écoles américaines ne l'enseignent que durant un an, dans l'équivalent de la classe de CE2, contre trois ou quatre ans auparavant. Autant dire en moins de temps qu'il n'en faut pour en revenir à l'écriture en batons. Et c'est là le drame, pointe un article du New York Times.

Selon un pédiatre, l'apprentissage de l'écriture cursive développe des qualités psycho-motrices comme la fluidité du geste, la maîtrise de sa main par le fait de devoir mettre la bonne pression sur le stylo.

Or, une partie de l'examen d'admission à l'université américaine, le SAT, consiste à recopier un paragraphe en écriture cursive. De plus en plus d'adolescents ont des difficultés à réaliser cet exercice. Et certains étudiants ne peuvent lire des textes comme la déclaration d'indépendance. Il s'agit, pour eux, d'une langue étrangère. Diantre.

Rien ne dit que la situation peut s'améliorer. Entre les textos et le temps passé sur l'ordinateur, l'écriture cursive semble une survivance du 20ème siècle aux Etats-Unis. Et l'orthographe constitue déjà un combat délicat (perdu d'avance ?).


Tiens, juste pour le fun, vous avez déjà vu les mots de la photo en haut à droite ? Ils sont utilisés dans les journaux et magazines comme faux-texte, pour montrer le volume de texte que doit remplir le journaliste.

Les mots sont issus d'un texte de Cicéron.

« Neque porro quisquam est qui dolorem ipsum quia dolor sit amet, consectetur, adipisci velit... » (« Il n'existe personne qui aime la souffrance pour elle-même, ni qui la recherche ni qui la veuille pour ce qu'elle est... »).

mardi 26 avril 2011

Les chapelles de la joie


Ce matin, dès le lever, surgit l'idée
que je ne pouvais décemment pas laisser derrière nous ce voyage sans évoquer, que dis-je, souligner la qualité des photos qui font de ce blog la chapelle des esthètes du bon goût et un phare pour qui souhaite entrevoir par la lecture ce bien étrange pays.


La séparation des tâches est claire. Pendant les vacances, je contemple la route, Madame fait les photos. En ces quinze jours, un peu plus de 800 images ont été réunies dans la boîte, qui seront réduites à un tiers qui illustrera des albums réalisés sur Internet, tirés sur papier et rangés dans la bibliothèque entre un bouquin sur "l'érotique de l'art" et "le manuel de survie des soldats anglais durant la seconde guerre mondiale".

Mais venons-en plutôt aux thèmes des photos : Madame insiste sur le fait qu'elle n'est pas dans la photo artistique ou du moins léchée. Elle n'en a pas le temps, ne souhaite pas se former à la technique, elle regarde et appuie sur le déclencheur. Sa photo penche plutôt dans le sociologique.

Ce qui signifie des paysages, à foison et par tous les temps, des routes donc (pour me faire plaisir), superbes, aérées, stimulantes, des gens, parfois. Des arbres aussi, bien charpentés. Nos enfants y sont présents (un gros tiers des photos conservées).

Madame aime les plantes, leurs couleurs, leurs formes, la texture des feuilles, les gouttes de pluie qui y font du tobbogan ; les fleurs ravissent son oeil, qu'elle a rapide et sûr. Son sens de la composition est un trait qu'elle partage avec les dessins du grand.

Le goût pour l'architecture nous est commun. Madame aime les maisons en bois, vieilles et contemporaines, les demeures d'écrivain, les intérieurs, les granges colorées, les lignes et les perspectives qu'elles offrent.

Et puis on trouve deux autres sortes de bâtiments, officiels chacun dans leur genre, pourrait-on dire : les phares et les chapelles.



Les uns ouvrent au large, à l'aventure, nez au vent, élancés ou trappus, les autres, surprises dans leur intimité, d'une blancheur juvénile, signalent, au choix, la présence d'un souffle spirituel et/ou une retraite temporaire à l'écart des 4000 informations dont chacun d'entre nous est bombardé chaque jour.



Je pourrais multiplier les rapprochements et similitudes. Phares et chapelles, tous deux semblables dans leur résistance au chic, à l'épate, à la tentation facile de la brillance. Tous deux éclairant les pas des hommes, les ramenant à terre ou les regroupant dans la communauté des croyants.



Bien sûr, nos albums contiennent des Space needle, la Sears Tower de Chicago, le flat iron de New York, des buildings aux vitres resplendissantes, symboles d'une puissance conquérante ; on y voit aussi des manoirs fissurés à Detroit, des banlieues commerciales dans leur laideur banale et les preuves du génie durable de Frank Lloyd Wright.


Tout fait sens derrière l'objectif de madame. La terre humaine se donne à voir dans ses couleurs et ses reliefs, que ce soit dans le quotidien des vacances ou l'exceptionnelle variété des paysages urbains et naturels qu'ont édifié et parfois eu la sagesse de protéger les habitants des Etats-Unis d'Amérique.

lundi 25 avril 2011

Carnet de routes


Je ne peux décemment pas quitter le voyage
qui vient de se terminer sans évoquer la route. Elle est toujours un élément déterminant de nos périples.



Aux Etats-Unis, plus qu'ailleurs, elle fait partie de nos plaisirs de voyage. Davantage qu'un environnement traversé, c'est mon paysage que je transporte durant les milliers de kilomètres enfilés chaque année. La conduite me permet de rêver, de quitter la chaussée pour des ailleurs. (Il m'arrive aussi de nous égarer, ce qui me vaut le surnom éternel -et flatteur- de "roi des demi-tours").



J'aime les routes, le bitume, les arrêts aux stations-service, les pauses et la brume. Les voitures en tant que mécaniques me laissent froid, ce sont des coquilles qui me réchauffent.


En maniant le paradoxe, je dirais qu'un voyage reposant est un voyage où j'ai beaucoup roulé. Peut-être une réminiscence de l'enfance où repartant de Corrèze à la fin août, je m'allongeais sur le siège arrière et me reposais pendant qu'il pleuvait sur les vitres. Pour les copains de classe, la route du retour était un long calvaire vers l'école ; je la savourais comme le dernier bonbon des vacances.



Une dizaine de Bob Morane faisaient mon bonheur durant la journée que prenait le voyage aller. Pendant cette route, tout était possible, les rencontres étaient prêtes à être vécues, l'habitacle propre, pas encore peuplé des trésors de l'été.

S'il s'agit d'une voiture louée, offrant des angles de vue inconfortables, un siège baquet pour s'asseoir le souffle coupé, qu'importe. En deux jours, la gêne est apprivoisée, je m'y love, une histoire de matrice, sans doute...



Je parlais de voyage aller... Au fond, je crois que je n'aime que les circuits où la découverte est permanente, les vues inédites. Pour poursuivre sur la même lancée, les hôtels d'une nuit ont ma préférence sur les maisons de famille pour un mois.

L'idéal étant, l'été dernier, de quitter le camping au matin, sans laisser d'autre trace que les herbes comprimées par les matelas, qui ont été vite remises d'aplomb par quelques rayons de soleil bien sentis.



Un de mes plus étonnants voyages s'est déroulé au Sénégal, dans un taxi-brousse qui nous menait, Madame et moi, de Dakar à Saint-Louis. Cinq heures de route, de cahots, de détours par des chemins de terre et de détours de détours. Des champs de baobabs, la radio qui devait scander des sourates et la perte de la notion de temps, une sorte de transe dont on sort l'esprit essoré.


Et si la route est fermée ? On fait demi-tour. Mais il n'existe pas, ce demi-tour, disions-nous voici deux mois avec les enfants. On ne roule jamais deux fois sur les mêmes pavés. C'est aussi un des grands plaisirs du voyage pour le bavard que je suis ; me taire. Et puis commenter la route, s'arrêter. Rentrer. Et puis préparer le prochain voyage. Et repartir.

dimanche 24 avril 2011

Les maisons du café


L'image qui m'a le plus frappé pendant
ces vacances, hormis le nombre de post-adolescents coiffés d'un bonnet rappelant que nous étions proches de la ville de Nirvana... Ce sont les "Espresso drive-through", où l'on reste dans sa voiture pour commander et recevoir son breuvage.


On trouve ces cabanes à café un peu partout ; près des stations-service, des motels, dans les banlieues commerciales... On y sert de l'excellent café et pas que de l'espresso, toutes sortes de cafés comme les a popularisés Starbucks.


On va dire que l'anse -de la tasse- est bouclée. Voici trois ans et des percolateurs, je faisais un billet en regrettant le café parisien. Aujourd'hui, me voici glorifiant le café de Washington (State) et de l'Oregon, savoureux d'entre les savoureux, à l'occasion de notre avant-dernier grand voyage aux Etats-Unis.


Une serveuse de ces maisonnettes du café me disait qu'elles étaient apparues voici une quinzaine d'années autour de Portland et Seattle car les gens boivent énormément de café dans le nord-ouest et qu'elles avaient bien essaimé depuis.


Je vous dirai si les chaînes de l'expresso rapido ont fait des petits dans les six derniers Etats de l'intérieur qu'il nous reste à visiter d'ici la mi-juillet : Oklahoma, Arkansas, Delaware, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas.

samedi 23 avril 2011

jour 15 : Seattle fétichiste


Pour ce dernier jour de voyage loin de nos bases,
je vous livre la vie de la famille toute nue ; tous les soirs, depuis le début de ces vacances dans le nord-ouest, madame regarde Twin Peaks sur son iPad.

Oui, la série de David Lynch vieille de 20 ans, celle-là même qui nous est chaudement recommandée par le bon ami depuis quatre ans, tous les matins que Dieu fait, devant l'école, en attendant le bus des enfants.

Alors, elle a craqué, je la comprends. Et nous sommes donc allés en pieux pélérinage, pour admirer la cascade du générique. Direction, Snoqualmie, à une demi-heure de Seattle.


Séquence émotion quand madame voit un poteau planté au milieu du parking. Puis grand éclat de rire. La cause de cette hilarité impromptue ?



Une affiche où le sheriff, Harry S. Truman, recherche un assassin. "Je suis contente qu'il y ait une référence discrète à la série", sourit madame... Hum, prends-toi ça dans les dents, Forks et ton cortège d'ados énamourés des vampires lourdement sollicités par le marketing.


Retour à Seattle, au sein d'un poumon vert en centre-ville, le Volunteer park, créé par les mêmes architectes ayant dessiné Central Park... Il y a des serres.... chaudes....






Depuis un ancien château d'eau, vue imprenable sur un quartier rappelant les collines, plus au sud, de San Francisco...


On remarque le musée de la science-fiction et de la musique, juste au pied de la Space needle, tout en couleurs... Franck Gehry est passé par là...




De l'émotion pour le grand lorsque nous allons, tout à côté du parc, visiter le cimetière Lake View. Nous la trouvons, cette tombe que nous avons cherchée un bon quart-d'heure.



Une vingtaine de personnes en dix minutes viennent prendre des photos... La première icône asiatique a toujours de nombreux fans, d'Asie, bien sûr mais aussi des Américains et trois Français.

Dans un autre quartier, Freemont, la ville a décidé, en 1960, de construire une statue pour déloger les dealers... Résultat, un fort mignon troll dont la main écrase une Coccinelle (avec une plaque californienne). Un beau lieu de balade familiale.


La fin de la journée se déroule à la Space needle. Construite lors de la foire exposition de 1962, la tour -fortement inspirée de la Tour Eiffel- mesure 180 m de haut, d'où l'on s'aperçoit que Seattle a tout de la ville idéale. Point trop grande, proche des montagnes et un superbe port industriel.