jeudi 25 février 2010

Hommage allégé


Aux Etats-Unis, on ne badine pas avec le "first amendment" qui garantit la liberté d'expression de chacun. Même quand il doit remettre à sa place un autre fondement de l'Amérique, le divin drapeau.

Exemple avec cette histoire intervenue en janvier dernier dans une école du Maryland, l'Etat collé à Washington DC.

Comme chaque matin, les élèves récitent, la main sur le coeur, le "Pledge of allegiance" qu'on pourrait traduire par l'hommage au drapeau :

"J'engage ma fidélité au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la République qu'il réprésente, une nation sous Dieu, indivisible, avec liberté et justice pour tous".

Tous se sont levés et prononcent la phrase rituelle. Tous ? Non, une ado reste assise. Aussitôt, la maîtresse voit rouge et demande à la récalcitrante de bien vouloir se mettre debout. Refus. Pourquoi donc ? Pas de réponse. Elle la menace de la virer de sa classe. L'élève se tait.

La maîtresse appelle alors un agent de sécurité qui escorte la fille vers le bureau du proviseur. Elle subira les moqueries de ses copains le reste de la journée. La scène se répète à l'identique le lendemain.

Quelques jours plus tard, les parents engagent un avocat et menacent de porter plainte pour discrimination faite à leur fille. On apprend aujourd'hui par le Washington Post que l'école a reconnu l'erreur de l'enseignante et leur a fait des excuses publiques.

En effet, tout un arsenal juridique protège la récalcitrante. La Cour Suprême a statué en 1943 sur le fait que les étudiants ne sont pas obligés de saluer le drapeau. L'Etat du Maryland précise que tout étudiant ou professeur peut refuser de participer à la cérémonie quotidienne. Jusqu'au manuel scolaire du Montgomery County ajoutant que personne ne pourra vous embêter si vous choisissez de ne pas participer au rituel.


Morale de l'histoire : une erreur a été faite et elle a été rectifiée fissa. Bravo. L'école a même consacré une heure dans chaque classe pour expliquer les tenants et aboutissants de cette affaire.

Morale (bis) de l'histoire : vous avez le droit de ne pas rentrer dans le rang. Vous êtes aussi protégé des moqueries des autres. En droit. Bonne chance tout de même pour vous coltiner les copains ou collègues (ou les voisins lorsqu'on joue l'hymne avant le match).

Morale (ter) de l'histoire : même si l'élève ne participe pas au "Pledge of allegiance", il a des tas d'occasions de profiter de leçons sur la grandeur de l'Amérique. La fille du bon ami, scolarisée dans une école américaine, a ainsi pu entendre vanter "les gens qui ont tellement de chance de vivre aux Etats-Unis, ce pays de bonnes personnes".


Et la liste des "toi-aussi-joue-un-peu-avec-les-drapeaux".
- J'ai appris à couper les tartes en trois avec mes parents qui me citaient à chaque fois l'exemple de feu le drapeau yougoslave.
- Le drapeau suisse ; la croix rouge sur fond blanc ou l'inverse (je sais que pour le Japon, le rong est rouge) ?
- Combien de drapeaux ont les couleurs (et seulement elles ?) bleu, blanc et rouge ?


Et c'est ainsi que le drapeau américain est grand.

Tuez Willy


Mesdames et -surtout- messieurs de Hollywood (machisme du cinéma américain oblige), débranchez illico presto les imprimantes sortant les pochettes de DVD.

Et surtout effacez ce titre que je ne saurais voir.

Je refuse de montrer "sauvez Willy 2" au petit garçon qui s'endort depuis des mois en récitant, mains jointes, yeux levés vers le plafond de sa chambre en bleu, les dialogues de "Sauvez Willy 1" comme autant de psaumes.

Je refuse d'anéantir tous les espoirs de cette chère tête blonde qui, à la quarantième diffusion de Willy dans la voiture, continue de croire que l'orque risque de tomber entre les mains des méchants hommes, et qui crie de toutes ses frêles cordes vocales : "saute, Willy, saute".

Oui, je refuse de montrer la baleine tueuse à ce tendre enfant qui ne voit dans cette vallée de larmes que beauté des arts et bonté des animaux.

Dan Brown, directeur général du parc Seaworld à Orlando où l'orque vient de tuer une dresseuse, a beau regretter le terrible accident. Je le dis tout de go : pas besoin d'un code à la Da Vinci pour comprendre la dangerosité de l'animal qui fait quand même ses 6 tonnes tout mouillé.

Non, le doux "Tilikum" ("ami" en langue indienne chinook), n'est pas un dauphin, le meilleur ami de l'homme dès que celui-ci met un pied dans l'eau. Il avait déjà tué deux personnes. Et je vous prie de croire que je ne me trompe pas dans le nombre de condamnations. Il n'y a aucune erreur de ma part, je n'ai pas d'ami policier pour me fourguer en douce les fichiers de cet bête dont la livrée est à dominante noire. J'ai lu la presse. Je dis les faits. Point.

Désormais, je réclame et j'exige que tous les animaux qui se présenteront à l'admission dans un parc animalier présentent un casier judiciaire vierge. Ni plus ni moins. Sans aucune agression à la personne. N'y allons pas par quatre chemins. En ces temps de crise, la moralisation de notre vie publique est à ce prix.

Ces mesures, difficiles mais nécessaires, nous éviteront d'avoir affaire aux lions tueurs de rois, qui plus est leur frère (Skar dans "Le roi lion"), aux tigres blanc rêvant de grignoter des dompteurs allemands sur fond de musique insipide (Siegfried & Roy). Nous sera également épargné l'image concupiscente d'un python royal rampant sur le corps très eighties de Kim Wilde (à 3'35).

Ces dispositions radicales
, dont je demande l'application immédiate, permettront aux hommes de bonne volonté de s'égayer dans une nature apprivoisée et -enfin- délivrée de ses mauvaises graines.

Nous aurons ainsi la joie et l'avantage de baguenauder dans les prés à l'herbe molle et fluorescente, aux côtés du toujours élégant Stump (un épargneul du Sussex)...


... Vainqueur l'année dernière du prestigieux concours du "Westminster Kennel Club dog show" au nez et à la barbe du favori qui avait commis une terrible faute de goût, de celles qui vous condamnent à croupir ad vitam eternam dans une cage à chats. Il s'était arrêté pour faire pipi.

Et c'est ainsi que "The poop" est grand.

dimanche 21 février 2010

"Pothole" rose


La fonte des neiges à Washington est une catastrophe, je vous le dis sans ambages.

Sur les routes rendues à leur plus simple expression apparaissent des nids de poule ("pothole" en langage du coin) dus au gel, à l'eau, au passage fréquent des véhicules lourds, à la qualité médiocre du revêtement des routes. Au manque d'argent public, pour faire rapide.

Alors, comme souvent aux Etats-Unis, on répare au petit bonheur, on entretient. On bricole. La mauvaise qualité des routes de la capitale étant, de longue date, objet courant de moquerie dans le pays, le nouveau maire de Washington, sitôt élu, en a fait une affaire quasi personnelle. Un numéro spécial a été créé pour que les administrés puissent joindre les services concernés. Il était dit que chaque trou serait être rebouché en 72h. Las.

A la guerre comme à la guerre. Les forces vives ont alors été mobilisées contre ce fléau des temps modernes. Un "potholepaloosa" (intraduisible) a été lancé en mars 2009. Une gigantesque battue au nid de poule. En 31 jours, ce sont près de 6 000 "potholes" qui ont été colmatés (et 220 000 durant l'année, pour faire bonne mesure).

Des p'tits trous, des p'tits trous, encore des p'tits trous... Inutile de vous dire qu'à chaque apparition, le pothole est synonyme d'horreur quotidienne. Je dirais même plus au pays d'Hollywood : il a le statut de star. Il a son spot de pub (magnifique voix féminine du sud des States), son film catastrophe. Et désormais, un prédateur...

... Le "pothole killer" (grandiose publicité du fabricant). Cet engin se pilote avec un joystick (comme c'est drôle de travailler, n'est-il point ?) et permet de faire de substantielles économies, vante la société. Moins de 3 dollars le nid de poule traité contre 70 dollars avec des travailleurs manuels.

Le problème, c'est que deux semaines plus tard, le "pothole" fait de nouveau son trou. Et c'est ainsi que se justifie le titre de ce billet sans fond (ni forme).


Sans transition, merci bien pour vos réponses et bravo à celles qui ont déniché les plus affreuses contre-vérités dont mon esprit retors était capable dissimulées dans le dernier billet. Pour faire court :

- Je n'ai pas gagné le concours avec une bulle de 54cm mais de 33cm (et pour cela, j'ai bien récupéré un quelconque 45cm)...

- Je n'ai pas écrit 650 000 fois le chiffre 1 mais seulement 300 000 fois. Je sais, c'est une paille.

Ce sont donc les fort astucieuses Flo et Phoebe qui ont gagné.


Et la liste des "putains de camions américains".
- Le camion-escargot qui vous barre la magnifique vue du coucher de soleil à Key West (Floride).
- Le camion qui laisse tomber des morceaux de paille de plus en plus nombreux sur votre pare-brise et qui se dirige vers ce qui s'avèrera une magnifique usine de cane à sucre (New Iberia, Louisiana)
- De manière générale, la désagréable sensation d'être le petit pois dans un sandwich composé de deux immenses trucks filant à toute allure (il est très courant d'être doublé par un camion vrombissant ici-bas).

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 18 février 2010

La vérité si je mens


Tiens, le retour des tags.
Dans cet hiver à rallonge (déjà quatre chutes de neige) où je m'apprêtais à vous dévoiler les dessous des nids de poule de la capitale du monde libre, ce tagage me surprend tel la brise annonçant le printemps.

Venu du fin fond de l'ouest américain (autant dire, de Phoenix la cactée), il m'enjoint de vous balancer huit affirmations me concernant. A vous de trouver les deux qui sont fausses. Comme je dois être la personne qui a rencontré le moins de personnes célèbres dans sa vie, les anecdotes ci-dessous seront donc auto-centrées. Vous voudrez bien m'en excuser.


1) J'ai interviewé le général Bigeard l'année de mes quatorze ans. J'appris ainsi que les "p'tits gars" ne rigolaient pas en crapahutant en Indochine et que le bon gradé continuait de marcher tous les jours au moins une heure.

2) Un an plus tôt, nous avions accueilli pendant une semaine une classe venant de Dieppe. Sur le quai de la gare, j'aperçois une jeune fille qui a exactement le même blouson que le mien. "Sûr que c'est elle qui va dormir chez toi", ricane un copain. Ce qui fut fait. Sur ce, je vous laisse imaginer les lazzi de la foule en délire.

3) La ville où je faisais mes gammes de journaliste organise son premier marathon. Ni une ni deux, je décide de m'inscrire pour faire vivre la course de l'intérieur dans un reportage. Bien sûr, sans aucune préparation, je finis le marathon épuisé, en marchant. Une demi-heure après la course, j'arrive dans un ultime effort à taper l'article qui paraîtra le lendemain.

4) La ville organise à l'occasion d'un téléthon, un marathon (encore un) de lecture. J'ai ainsi eu la joie de lire à haute voix "l'ami Fritz" (d'Erckmann-Chatrian) durant toute une nuit sans interruption (soit huit à neuf heures), dans un grand hall qui voyait passer régulièrement deux ou trois personnes égarées.

5) Autre performance dadaïste digne d'un honnête buveur anglais, j'ai nagé pendant onze heures lors d'un marathon de natation de douze heures organisé dans cette même ville (une heure de repos divisée en trois périodes de vingt minutes). Vu la vitesse de ma brasse (sans mettre la tête dans l'eau), la distance parcourue était infime.

6) Ca devait être pour mes huit ans, sur le parking d'un Mammouth... J'ai remporté un concours de la plus grosse bulle de malabar (un diamètre de 54cm). Le cadeau devait être un quarante-cinq tours.

7) Toujours dans la catégorie "concours élevant l'esprit humain", j'étais passionné par le livre des Records. Un beau jour, je me suis mis à écrire des 1, beaucoup de 1 mais que des 1. Le record était à 1 million de 1 tapés à la machine à écrire. Au lieu de faire les devoirs, j'écrivais des 1. Je me suis arrêté à 675 000.

8) Lors d'un concert en plein air de Rika Zaraï auquel ma mère m'avait amené tout bébé, elle a dû quasiment se battre pour nous faire sortir vivants de cette foule qui la pressait pour approcher la vedette populaire.


Nu doute que vous en savez désormais davantage sur mon compte. Une fois n'est pas coutume, je lance le strip-tease verbal à Marie de Nairobi, Marie des Etats-Unis, Homéo, Plume vive et Phoebe.

(Maintenant, à vous de jouer)

mardi 16 février 2010

Patinage olympique


Les Jeux Olympiques viennent à peine de commencer qu'ils sont déjà finis pour moi. Les symptômes observés durant les JO de l'été 2008 (du Phelps à s'en noyer) se sont aggravés. De la pub, trop de pub, des coupures incessantes, pas d'épreuve suivie de bout en bout.

Hier soir, la puce voulait voir du patinage artistique. Tout le monde assis devant la télé, j'attendais avec impatience de pouvoir disséquer les axels, m'exclamer sur les portés d'une main, soupirer devant les chutes des uns et les cabrioles des tutus. Que nenni. On a eu droit à la prestation d'un couple américain, classé 14ème de la première manche... Et c'est tout. J'ai appris ce matin dans le journal que les Chinois avaient gagné.

Alors, pour le patriotisme, vous allez me dire qu'on est servis en France. Mais, au moins la chaîne publique retransmet toute l'épreuve, pas les seuls morceaux concernant le drapeau tricolore. On peut comparer les couples entre eux, la dramaturgie monte au fur et à mesure de la compétition. L'attente des notes dans ce lieu unique qui n'a jamais mieux mérité son surnom de "kiss and cry" ("s'embrasser et pleurer"), est un monument à la gloire de ce sport.

Rien de tout ça hier soir. De la pub, la pub, des interruptions toutes les trois minutes, de pauvres reportages faisant office d'amuse-gueule à... Rien du tout... Si le but est de montrer le plus de drapeaux étoilés à la seconde, c'est gagné.

Enfin, on aura tout de même appris que l'endroit idéal pour voir des ours blancs en liberté se trouve à Churchill, dans la province du Manitoba. C'est déjà ça.


Et la liste des "sports d'hiver fascinants"
- Le short-track (patinage de vitesse avec d'incessants virages et moultes chutes).
- Le saut à ski (encore et toujours, cette vieille impression de voler)
- Le kilomètre lancé.

(Maintenant, à vous de jouer)

mercredi 10 février 2010

Blizzard


D'ici un mois ou deux, mes progrès en anglais local seront fulgurants dans la catégorie "neige et affinités".


Alors que les effets du "snowmaggedon" commençaient à peine à s'estomper, nous voici visités par un petit blizzard des familles depuis ce matin.


Il est midi, on a 30cm de neige et des fils électriques qui dansent la java.


C'est l'occasion de deviner d'étranges silhouettes dans la rue. Deux coureurs se croisent, échangent quelques mots (probablement des encouragements) et repartent, davantage en s'extirpant de la neige qu'en galopant. Il y a l'inévitable promeneur de chien et des surfeurs en quête de la grosse vague de poudreuse.


Petite addition pour les enfants bloqués à la maison depuis une semaine : sachant qu'il est tombé 60cm de neige samedi et 30 aujourd'hui, à combien de cm est-on du record absolu de neige sur DC ? ....

... Bonne réponse dans le fond de la classe. Il reste 10 pauvres cm pour faire de cet hiver un monument historique.

NOTE DE MERCREDI SOIR, 19H : record de tous les temps à DC battu avec 55,6 pouces tombés cet hiver (soit 1,10m).

(Pour le côté historique, l'annonce du snowaggedon par le monsieur Météo de Baltimore a une bonne longueur d'avance.)


Là où le jeu devient drôle, c'est que les congères formées se déplacent joyeusement dans le vent frais du matin. La version neige du jour a ajouté la variante "gust" (rafales) à son vocabulaire avec des poussées à 80 km/h attendues dans l'après-midi.

(Vu d'un intérieur chauffé, l'effet est élégant)

Côté moins amusant, le lendemain. Il faut déneiger puis déplacer sa voiture. Et après, vous faites quoi pour protéger l'espace chèrement acquis à la sueur de vos petits bras et la force de votre front ? Au choix, vous mettez une chaise, une gigantesque poubelle voire un cône de Lubec de la plus belle espèce, bien orange. Interdite à Washington, tolérée du côté de Chicago qui a l'habitude de ce genre d'intempéries, la coutume est plus ou moins respectée.

Mais le voleur de place doit savoir qu'il n'a pas seulement failli à l'étiquette sur ce coup-là mais qu'il risque sa peau. On n'est pas dans le pays du western pour rien. Un homme s'est fait tuer à New York, en 1996, après une querelle de place prise. Même punition pour un autre quatre ans plus tard à Philadelphie.

Un tantinet excessif ? Sans doute. Je le reconnais. Pourtant j'avoue que la moutarde m'est montée au nez lorsqu'une petite voiture de rien du tout a dérobé ma place lundi soir. Deux boîtes de Lexomil plus tard, j'écrivais un mot demandant à l'impétrant d'avoir la bonté de me prévenir lorsqu'il partirait.

Etrange. Personne n'a sonné à la porte.


Et la liste des "occupations durant le blizzard"
- Faire la cuisine (bah oui, rendre mangeable les morceaux décongelés durant la coupure de courant du week-end).
- Regarder des DVD (merci Louis de Funès)

(Maintenant, à vous de jouer)

dimanche 7 février 2010

Asile thermique


Vous êtes au courant, on était des vedettes de week-end. Pensez donc, j'ai même jeté un coup d'oeil distrait sur le reportage de France 2 sur le sujet.

On était là où se passait l'action, au coeur de la plus grande tempête de tous les temps de l'est des Etats-Unis (en tout cas, au moins depuis que la radio existe)...

Qu'on l'appelle Snowpocalypse ou Snowmaggedon au choix, la belle blanche a battu tous les records (les Américains adorent). Pot pourri du week-end.


- La neige est tombée sans discontinuer de vendredi 10h à samedi 17h : 58cm sur notre terrasse. Et une tranchée de creusée devant la maison, une...


- Le courant nous a lâché samedi matin. Du coup, on a cuisiné un boeuf bourguignon au gaz pour se tenir chaud et accessoirement déguster un repas roboratif avec la formidable voisine.


- 500 000 personnes à DC et aux alentours ont été privées de courant pendant au moins un jour. Je sais, c'est peu comparé à d'autres, on a vécu Lothaire en 1999 (en Lorraine). Mais, toutes choses égales par ailleurs, les Américains étaient un tantinet époustouflés par ce cadeau du ciel répandu en abondance.


- Pour la première fois depuis quarante ans, la Poste de Washington DC n'a pas distribué le courrier pendant toute une journée, celle de samedi.


- On a demandé -et obtenu- l'asile thermique chez le bon ami. Tous en route, en mettant les sacs de couchage dans des sacs poubelle, entassant par-dessus la nourriture sortie du congélateur... Le tout sur une luge faisant office de traineau. Et hop là, c'est parti pour une nuit de folie, à une demi-heure de chez soi... Changez d'humeur, changez de chaleur.


- Retour ce dimanche matin chez nous. Electricité rétablie. Quatre heures d'exercice physique pour déneiger la voiture qui devrait rester bien sagement à sa place. L'école des enfants est fermée lundi et mardi.


- La météo prévoit une nouvelle tempête de neige mardi soir. La photo, dessous, est celle de Western Avenue, une grande artère de nord-ouest de DC, à quelques pâtés de maisons de chez nous. Belle comme une patinoire.



Et la liste des "plaisirs simples de la neige"
- La regarder tomber.
- La regarder s'accumuler.
- La regarder fondre.

(Maintenant, à vous de jouer)

vendredi 5 février 2010

La diplomatie du panda


Vous connaissiez ?
Moi pas. J'ai découvert la pratique hier, en ouvrant mon quotidien préféré. A la Une, une tête de panda et des larmes. Celles des aficionados qui ont le coeur brisé de laisser partir Tai Shan en Chine, leur petit protégé né au zoo de DC.

Retour dans les années 70. Il reste très peu de pandas dans les montagnes chinoises. Les autorités décident d'en louer quelques exemplaires aux pays occidentaux (Etats-Unis surtout) histoire de faire d'une pousse de bambou deux coups : montrer leur ouverture au monde extérieur (à travers la location de pandas donc et aussi de matchs de ping-pong entre Mao et Forrest Gump) et faire rentrer quelques dollars dans les caisses.

C'est dans ce cadre que les deux parents de notre protégé arrivent au zoo de Washington DC en 2000. Montant du prêt des stars : 10 millions de dollars sur 10 ans. Comme l'objectif, côté chinois, est aussi d'aggrandir le cheptel de pandas, tous les bébés conçus devront revenir en Chine. Pour mettre leur virilité au service du pays.

Et voilà l'histoire. Tai Shian, petit ourson de DC, né en 2005 et élevé au rang officieux de citoyen d'honneur de la cité, s'est envolé hier pour les montagnes du centre de la Chine.

Si là-bas, les villageois proches de la "ferme des pandas", accueillent l'arrivée d'un léger haussement de sourcils, Washington joue "bonjour tristesse" à guichets fermés. Pour Frances Nguyen, le panda représentait plus qu'un animal fétiche : un totem.

Après l'avoir découvert tout bébé, elle est venue le voir chaque jour. Sans oublier d'immortaliser ses moindres gestes. Les bons jours, elle prenait 1500 photos. Jamais moins de 200.
"Il a un bon karma", dit-elle. C'est devant l'enclos du panda qu'elle a rencontré son futur mari. Elle a appris la semaine dernière, comme elle faisait ses adieux à Tai Shian, qu'elle était enceinte.

"Les Américains sont trop dans l'émotion avec Tai Shan", estiment les autorités chinoises qui assurent qu'elles traiteront le panda comme ses 1600 congénères. Ni plus, ni moins. Au vu des rapports qu'entretenait la vedette avec un de ses soigneurs, il y a du boulot.


Et la liste des "pandas n'importe quoi"
- Le panda-long (une paire, c'est bien)
- Le pandana (l'ours mal coiffé)
- Le pandanika (premier panda exporté en Afrique)

(Maintenant, à vous de jouer)

mercredi 3 février 2010

On a tous quelque chose en nous de...


... La Nouvelle-Orléans
. Ma ville préférée aux Etats-Unis et, accessoirement une des huit merveilles urbaines du monde (avec Rio, Paris, Venise, Shanghaï, Rome, New York et Istambul). Et dire que je n'ai pas encore vu San Francisco, Los Angeles, Seattle ou Austin (Texas).

Ceci dit, je ne suis pas le seul à fondre au seul énoncé de ce nom magique, synonyme de jazz, de bonne chère, d'animaux (vers minuit, sur Bourbon street), d'architecture. Et désormais de football américain.


Car ce dimanche 7 février, les Saints de NO sont en finale du championnat. Historique pour bon nombre d'observateurs, la finale les opposera aux Cols d'Indianapolis, favoris sur le papier. Mais pour ce qui est du coeur, NO bat tous les records. Cette finale, c'est la renaissance de la ville après l'ouragan Katrina.


James Carville (ancien conseiller de Bill Clinton et commentateur télé très prolixe) disait hier dans le Washington Post qu'il ne comprendrait pas pourquoi tout Américain -hormis les supporters historiques des Colts- ne serait pas derrière les Saints.

"C'est que vous avez quelque chose qui ne fonctionne pas, vous êtes un humain défectueux. Je suis sérieux. Il n'y a qu'une seule raison pour être contre les Saints, c'est parce que tout le monde est pour eux et que vous voulez être à part.

Ce pays adore deux choses par-dessus tout : les outsiders ("underdogs" en bon américain) et les comebacks. C'est tout ce qui est en jeu dans ce match. (...).

Ce n'est pas qu'un match. C'est très très important. C'est un message à la jeunesse qui pourrait modeler toute une génération. Cette histoire vous dit que vous pouvez jouer de malchance et quand même revenir au premier plan. C'est une leçon essentielle si les Saints gagnent. C'est pourquoi c'est si important pour la construction de la nation".


Et la liste des "beaux comebacks de l'histoire".
- Rocky Balboa (et son poing tout léger sur les carcasses de boeuf).
- Henry Salvador (et sa voix suave dans les jardins d'hiver).
- François Mitterrand (et son mensonge éhonté dans le jardin de l'observatoire).

(Maintenant, à vous de jouer)

mardi 2 février 2010

Punxsutawney (fin des traditions 2)


Dans cette modernité qui entraîne tout sur son passage, il y a une tradition qui tente à tout prix de résister aux flots impétueux. Celle du jour de la marmotte, aujourd'hui même, le 2 février.

Pour les explications historiques, légendes et autres raisons physiques du phénomène né à la fin du 19ème siècle, voir ici.

Cette année encore, la célébrité locale, Phil, a délivré son terrible augure devant des milliers de touristes venus pour la prédiction annuelle. Pas très réjouissant tout ça.


Mais il y a pire. Figurez-vous que Phil pourrait bel et bien disparaître dans un futur proche. La vice-présidente de la PETA (la SPA locale) a appelé à remplacer la bête à fourrure par un robot. L'avantage serait que la marmotte pourrait dormir tout l'hiver en paix.

Une requête que le président du Club de la Marmotte a trouvé "ridicule". Un fan de Phil ajoutant, selon l'AFP que "cette marmotte est la plus choyée de la planète,toutes les autres, qui se font tirer dessus par les fermiers ou écraser par des voitures, aimeraient être à sa place."

Et vous ? Attendez-vous avec impatience l'hiver 2154 pour que l'avatar de Phil (tout bleu) nous fasse la neige ou le beau temps ? Ou penchez-vous plutôt pour une version très eighties à la D2R2 ?

Parce qu'à ce niveau-là de dialogue de sourds, je crains bien que Phil ne passe pas le prochain hiver.


Et la liste des "noms propres que je confonds sans arrêt"
- Cheesecake (gâteau sublissime fait à base du fromage Philadelphia)
- Chesapeake (baie sublissime dans les alentours de Washington faite à base d'Indiens et de crabes bleus)

(Maintenant, à vous de jouer)

lundi 1 février 2010

La fin des traditions (1)


Mini série (en deux épisodes) sur les traditions américaines qui n'ont plus court. On commence avec un classique des campus : le yearbook.

Depuis plus d'un siècle, les lycées et les facs des quatre coins des USA ont l'habitude de réaliser, en fin d'année, un -plus ou moins gros- livre récapitulant les petits faits et gestes de chacun, collectant les photos d'identités.

Histoire de montrer aux petits-enfants quelle tête avait pépé sur le campus ("lorsqu'il sortait avec cette pouf' de Suzanna, la brune au troisième rang à gauche qui lui collait encore au train lors de notre mariage", dixit la grand-mère)... Ou de prouver le nombre de points qu'avait collé l'oncle Tom au meilleur pivot de l'équipe de basket de la ville voisine.

Pour les magazines de potins, c'est la caverne d'Ali baba. Pas un qui ne ressorte de temps en temps (c'est-à-dire toutes les semaines), un article dénombrant les boutons noirs et autres gracieusetés physiques passées de la vedette de telle émission de télé-réalité de la chaîne câblée.

Au pays de l'apparence physique reine, les magazines adorent appointer un chirurgien plastique qui se fait une joie de noter l'apparence des glorioles d'aujourd'hui par rapport à leur anonyme présence passée. Entre commentaires admiratifs ("Ah, celle-là, elle fait aussi jeune qu'il y a trente ans... grâce à ses vingt opérations... Allez, je lui mets un A-") et vachards ("pauvre femme, elle aurait mieux fait de ne pas passer une vingt-et-unième fois sur le billard de mon cher confrère... Ca vaut un C+... Et encore, je suis généreux").

(Entre parenthèses, on remarquera que ce style de "reportage" s'applique uniquement aux femmes.)

Mais tout ça, c'est terminé. Fini. Passé à la trappe. Car nous apprenons que seulement un petit millier d'écoles continuent l'aventure yearbook cette année. Depuis le début de la décennie, les ventes ont chuté. Les futurs diplômés ne sont pas intéressés par le papier.

C'est donc une excellente nouvelle. D'ici une vingtaine d'années, nous n'aurons plus ces images avant/maintenant en noir et blanc qui polluent les beaux magazines de papier glacé. Plus d'images d'archives, bonjour la liberté retrouvée pour ces futures vedettes qui redoutaient de voir réapparaître ces images tirées des heures les plus sombres de leur adolescence.

(Ah, on vient de me préciser dans l'oreillette qu'il existerait un site nommé "Facebook" remplaçant de facto le défunt "yearbook" et dont les informations très personnelles des membres ont l'avantage de ne jamais disparaître de la vaste toile).


Et la liste des "copains d'avant que j'aimerais bien revoir mais en fait pas tant que ça"
- La petite copine de ma maternelle (elle était brune).
- La plus grande copine de mon CM2 (elle était blonde).
- La plus plus grande copine de la nuit du 15 mars 1994 (elle était rousse, on avait bu) (je précise à l'intention de la femme qui partage ma vie qu'il s'agit d'un trait d'humour dans le seul but de fournir une chute convenable à ce billet).

(Maintenant, à vous de jouer)
(La photo du haut, c'est Eminem)