vendredi 30 octobre 2009

De grands enfants dans un jardin paisible


J'aime à penser
que les artistes ont un boulot conséquent : donner à nos berlues un corps, des traits physiques qu'ils sont allés chiper je ne sais où. A partir de là, au spectateur de se débrouiller avec cette apparence physique souffreteuse, d'échapper à ces bras robustes, de contempler une figure dont la perfection fait pâlir de jalousie les hommes au ventre plat. Et de s'en retourner pour touiller toute cette beauté.

C'est ainsi, les sculptures m'émeuvent toujours, et sans cesse, j'y reviens, avec ce besoin de les toucher, de les cajoler voire de les frapper. Par ailleurs, la taille me fascine, la démesure m'amuse. La pluie me ravit. La nature me comble. Un lieu a eu la délicate attention de rassembler tous ces menus faits. Ce n'est rien de dire que la visite du Storm King art center fut une des expériences sensibles les plus extraordinaires de ma vie.

Situé à une centaine de kilomètres au nord de New York, ce lieu, créé en 1969, est à la fois jardin de sculptures et land art.


Nous n'avons pas eu le plaisir de marcher près de la centaine d'œuvres présentées tant il pleuvait. J'avais parfois l'impression de contempler de grands veilleurs.



Mais la demi-heure passée dans un petit train qui slalomait entre ces géants a suffi à me donner envie d'y revenir. Le temps était suspendu.


Comme cette œuvre de Calder me plaît, sous son aile repliée.


Vue sous un autre angle, elle prend ses appuis avant l'envol évident.


Un petit tour plein d'humour dans les bois.


Lien
Ce mur d'Andy Goldswothy me ravit par sa simplicité et sa drôlerie. Sur 760 mètres, le muret têtu réussit l'exploit de serpenter entre les arbres, de disparaître dans l'eau et de réapparaître de l'autre côté de l'étang, brièvement. Du grand art.



Des enchevêtrements de tubes de chantier entrecoupés d'air et de pluie.



La dernière œuvre acquise par le centre est de Maya Lin (la créatrice du mur du Vietnam). Son nom : wavesfield (champs de vagues).



Et comme dans les meilleures histoires, tout se termine en dansant.



La chanson du jour : le "twenty-two bar" de Dominique A.



Et la liste des "sculptures du quotidien"
- La tâche de café qui a débordé
- Les toiles d'araignée dans les maisons américaines
- Les tas de feuilles sur les trottoirs

(Maintenant, à vous de jouer)

dimanche 25 octobre 2009

Quelques Américains illustres (dans les Berkshires)


En une journée,
nous avons embrassé 100 ans de l'histoire américaine. Tout simplement le vingtième siècle, la littérature, la peinture et le sport. Il suffit pour cela de se rendre dans les Berkshires, au nord de New York, non loin de la vallée de l'Hudson.

A un jet de livre de Hartford (et de la maison de Mark Twain, visitée voici un an et demi, déjà), nous avons découvert la demeure d'Edith Wharton (1862-1937). Bâtie en 1902 sur les plans conçues par la romancière, passionnée d'architecture, "The Mount" compte 35 pièces... Vue depuis les jardins, elle est impressionnante.


De l'intérieur, un peu moins car, vendue en 1911, elle servira ensuite d'école pour jeunes filles, avant de tomber dans l'oubli dans les années 70 et 80. Au début des années 2000, elle deviendra brièvement la résidence d'une troupe de théâtre. Lorsqu'une association se crée en 2003 pour lui redonner son lustre, la maison est en piteux état. On pare au plus urgent. L'extérieur est consolidé... L'argent commence à manquer... Les pièces de réception sont réaménagées...




On arrive à refaire les parquets... Mais les finances sont au plus bas... On en est là aujourd'hui de la résidence d'une des plus importantes femmes américaines de la première moitié du vingtième siècle. Première femme à remporter le prix Pulitzer, en 1921, pour "Le temps de l'innocence", première femme à devenir doctor honoris causa de l'université de Yale en 1923, elle est partie s'installer en France dès 1907. Son rôle dans l'aide aux blessés durant la première guerre mondiale sera reconnu. A sa mort, en 1937, elle laisse une oeuvre importante : 40 livres en 40 ans.


Elle reconnaissait honnêtement, à la fin de sa vie, s'être laissée convaincre de poser pour la photo à son bureau bien qu'elle écrivît la plupart du temps dans son lit où elle demeurait toute la matinée.

A quelques dizaines de kilomètres seulement, c'est un autre monde qui se dévoile : l'oeuvre de Norman Rockwell (1894-1978), un des peintres américains les plus appréciés. Surtout connu pour son travail d'illustrateur, il a réalisé plus de 300 couvertures du "Saturday evening post" jusqu'en 1960. Doté d'un style hyperréaliste, il raconte des morceaux de vie de l'Amérique moyenne. Le musée qui lui est consacré à Stockbridge a aussi réjoui les enfants. Le grand l'appelle "le peintre ironique", je dirais qu'il dessine avec bienveillance la société des années 40 et 50. Mon beau-père, grand fan d'Eddy Mitchell devant l'éternel, aurait apprécié.



Mon tableau préféré est une série de dessins de cheerleaders durant un match de football américain. Les gestes exagérés de la jeune fille avec ces petits bonshommes qui semblent lui courir sur le corps m'ont ramené à Gulliver, à une femme géante, à l'homme minuscule d'Almodovar ("Parle avec elle") qui rentre dans la femme.
J'aime bien aussi ces grands gamins qui doivent âprement discuter de la composition des équipes.
Ils devaient porter des maillots reprisés comme celui-là.


Et des chaussures mal lacées...


Pas celles-ci (d'accord, j'ai une toute petite main mais le spécimen chausse du 52, c'est Shaquille O'Neal, qui mesure 2m10)...


Ces memorabilia, dont sont grands amateurs les Américains, se trouvent au basket-ball Hall of fame, situé à Springfield, Massachusetts. Une espèce d'écran Imax collé à une bretelle d'autoroute avec une petite sphère en haut d'un totem.



Au sein de ce panthéon des héros nationaux de la balle au panier (jeu inventé en 1895 par le docteur Naismith), on trouve le plus illustre d'entre eux, intronisé voici deux mois.


Michael Jordan
(1984-2003 pour sa carrière professionnelle), ce sont des trophées, des titres, la gloire, le travail, le talent, la souplesse et le charisme, mais aussi le triomphe du marketing sportif. Il y avait l'ours de la MGM pour le cinéma dans les années 50, il y a Nike et MJ à partir des années 80. Quiconque ne connaît pas le basket connaît pourtant Jordan. Regardez comme il danse bien.



Après ce siècle d'histoire américaine en raccourci, nous nous en allons baguenauder ces deux prochains jours sur les rives de l'Hudson.


La chanson du jour : "Edith Wharton's figurines" par Suzanne Vega.



Et la liste des "sportifs qui ont marqué leur époque"
- Johnny Weismuller (nageur acteur)
- André Lacoste (tennisman surnommé "le crocodile")
- Zoé Budd (coureuse pieds nus)

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 22 octobre 2009

Compte de Noël


Halloween
est quasiment derrière nous et la dinde de Thanksgiving en voie d'être farcie. Pour combler le risque d'ennui inhérent à ce tourbillon festif incessant, nous voici donc entamant la dernière ligne droite de Noël.

Ainsi va la vie aux Amériques, terre où les fêtes et la tradition sont suivies de monstrueuses périodes de soldes.


Sur mon agenda mondain, s'il est un événement que je ne manque pour rien au monde, c'est bien la sélection du sapin de Noël de la Maison blanche. Depuis 1966, La très sérieuse Christmas tree association choisit avec doigté l'arbre qui ornera la "blue room" présidentielle durant les fêtes. Inutile de vous dire que les paris sont serrés et que les éleveurs de sapins sont sur les dents jusqu'à l'ultime décision qui vient d'être rendue.

Car leur bébé désigné et c'est la gloire éternelle... En tout cas, pour un an. Pensez donc, toutes les photos officielles de Noël se font au pied de l'élu. (Peut-être même que par une froide nuit de décembre, Bo, le chien de la famille Obama, viendra déposer son obole liquide à ses pieds).

Mais pour arriver à ses fins, le champion a dû accomplir un véritable parcours du combattant : remporter les sélections régionales puis la grande compétition qui l'oppose à des sapins issus de 25 autres États. Pourquoi seulement 25 ? J'imagine que l'Arizona -pour prendre l'exemple le plus farfelu- produit peu de sapins ou alors des bien plus piquants.

Sans vous faire languir davantage sur l'identité du vainqueur, sachez que vous tenez là un grand parmi les grands. Il n'est qu'à voir son port illustre, son plumage garni, la franche camaraderie de ses branches, dont pas une ne fait d'ombre à l'autre...


On voit bien à l'oeuvre dame nature américaine, quand elle est domptée par l'homme, sublimée par la main du cultivateur amoureux de la belle ouvrage. C'est le géant vert, le cône absolu. Une manière de perfection faite arbre avant sa récupération mercantile dans des artefacts de mauvais goût d'origine allemande.


Et les artisans de ce joyau qui sera amené fin novembre par camion spécial vers la Maison blanche, me direz-vous ? Qui sont-ils ces magiciens aux ciseaux d'argent ?


Eh bien, ce sont deux gens humbles.
Eric et Gloria Sundback, respectivement 82 ans et 83 ans sous le harnais, ont dédié leur vie à l'arbre sacré. D'abord à Washington DC où ils ouvrent une boutique dans les années 50, puis en Pennsylvanie où ils cultivent leurs propres sapins. Ils possèdent aujourd'hui une centaine d'hectares en Virginie occidentale et ce sont les empereurs du sapin présidentiel, toujours imités, jamais égalés. Les Michel-Ange du Douglas et du Fraser (les espèces victorieuses).

Pour ceux qui douteraient encore de leur excellence, un seul chiffre. En 43 ans de concours, seuls 7 exploitations ont fourni deux sapins à la Maison blanche. Eux, ils ont gagné QUATRE fois.


Le secret de leur réussite ? "Durant notre carrière, nous avons fait plus de 70 000 miles pour recueillir les meilleures graines dans les montagnes, du Canada jusqu'au Mexique", dit le vieux monsieur au Washington Post. "C'est comme si nous cherchions de l'or".

Le reste, ce n'est que de l'amour, de la patience et un savoir-faire immémorial. Les Sundback consignent tout dans des classeurs à trois anneaux : le lieu et l'année où ils ont trouvé la graine et sa place dans le verger. Ils visitent chaque arbre huit fois l'an, les fertilisent, les tondent, les irriguent et, bien sûr, les taillent.


Surtout, ils taillent à la main. L'objectif est de produire un arbre élancé où "les branches sont bien droites devant, comme au garde-à-vous" (Washington Post). Pas ces zombies étiques aux branches pendouillantes.

Le sapin, c'est leur vie. Alors, même si les Sundback croyaient que leur temps était révolu, leur œil acéré avait remarqué qu'un petit promettait. En août dernier, le sapin encore tout jeune -2,40 mètres sous la toise-, a remporté haut l'aiguille un concours régional. Avec la suite royale que vous connaissez. Désormais deux fois plus grand, il devra être raccourci de 15 centimètres pour intégrer la "blue room".

Eric Sundback a un mot délicieux en regardant son verger : "tous les sapins ne veulent pas être un sapin de Noël".


Ca n'a aucun rapport mais vous vous êtes déjà mis dans la tête d'un sapin de Noël en colère ? (Attention, bande-annonce garantie avec du faux sang rouge vif).



Remarquez, on les comprend, quand on voit les agressions dont ils font l'objet 24h/24.



La chanson du jour : "Christmas eve/Sarajevo" par le Trans-Siberia orchestra, un truc très bizarre, avec des violons, un manoir, une blonde en déshabillé et un piano sous une neige artificielle.



Et la liste des "chiffres des sapins de Noël"
- 70% des sapins achetés aux Etats-Unis sont artificiels.
- Une trentaine de boules de Noël sur notre sapin.
- Aucune étoile au sommet de l'arbre.

(Maintenant à vous de jouer)

mardi 20 octobre 2009

La chute de la maison burgonde


Je ne sais
comment vous raconter cela. D'ordinaire les textes sont un poil travaillés à partir d'un indice qui saute à l'œil. Sitôt l'amorce enclenchée, le fil est tiré, tranquilou. Sauf que là, ça ne vient pas.

Par où commencer l'histoire de ce dimanche après-midi dans un stade de football américain ? Comment parler de ce cadeau d'anniversaire pour les 40 ans, de ces trois heures passées dans un froid relatif, un ennui moyen, une nourriture de stade, de la première fois où deux gens se sont retrouvés assis derrière les poteaux, entourés de fans passionnés, déçus, trompés ? Comment dire l'étrange impression saisissant deux étrangers regardant un sport-spectacle américain ? Parce qu'il est aussi question de ça, hein, pas que mais quand même.

1 ) En partant de la fin, de la désespérante défaite d'une équipe qui plonge au tréfonds de la médiocrité, puis en remontant le cours de l'après-midi pour dire que tout y était inscrit ? (dans le genre déterministe)

2 ) En racontant le match en plongée parmi les supporters ? (reportage à vif)

3) En disant à quel point ce jeu haché, tranché même, cet hymne au taylorisme est loin de mes standards sportifs de fluidité et d'harmonie ? (à la rubrique culture)


Bah, après avoir hésité, le tenancier a décidé à l'unanimité qu'il allait tout faire. Ce sera fromage et cheesecake, hot-dog ET frites. Et puis vous ferez le tri, en lecteurs avertis de l'azerty.


1) Tout d'abord, c'est le stade vers lequel on monte.


A une vingtaine de kilomètres de Washington, le FedEx field peut contenir jusqu'à 90 000 personnes. Mais les rangs sont clairsemés ce dimanche 18 octobre où les Washington Redskins reçoivent les Kansas city Chiefs. L'heure est grave. Une défaite de plus et c'est la goutte de trop qui déborde sur le deuxième club le plus riche de la ligue.

Bien avant le coup d'envoi à 13h, les passionnés se sont regroupés sur les parkings les plus proches du stade. Ce sont les abonnés, ceux du peuple, qui paient jusqu'à 9000 dollars un siège pour la saison. Ils ont monté les tentes, sorti les barbecues et les glacières et refont le monde de la balle ovale locale, bref du football.


Les colonnes de fidèles progressent, sans se presser, dans un bruissement de couleurs du club : l'or et le bordeaux (burgondy and gold). Nous sommes quasiment les seuls habillés en civil.



Au coup de sifflet final, trois heures plus tard, à peine 20 000 personnes sont restées dans le stade. Les visiteurs ont gagné sur un score étriqué. Aucun touchdown. Que des coups de pied. Un pauvre spectacle, une débâcle qui sent son déjà-vu. C'est la troisième équipe sans aucune victoire depuis le début de la saison à battre les Redskins.

(Petite blague anti-sportive : en multipliant le nombre de personnes manquantes entre la photo 1 et la photo 3 par la température en degrés Farenheit de ce dimanche, calculez le salaire annuel d'un joueur de football américain).




Mais surtout, cette quatrième défaite augure d'une saison en enfer pour le club. Un entraîneur mis sur la touche mais pas viré, un président -Daniel Snyder, milliardaire dans la communication- qui ne connaît rien au jeu et aligne des chèques pour faire venir des stars. Il ignore que les zéros des salaires ne font pas une équipe. En douze ans, trois maigres apparitions aux play-offs ont été éclipsées par des mélodrames à répétition.

Certes, c'est le président qui paie, qui décide mais il gère son club par à-coups, par crises. Il ne se sent comptable de rien auprès des fans qui soutiennent le club de génération en génération. Peut-on aller encore plus bas ? Désormais, le pire est presque certain à DC, une équipe qui promettait monts et merveilles avant la saison. Sur le papier. Bienvenue dans l'apocalypse selon Saint Daniel.

2 ) Nous sommes placés derrière les poteaux. Une place formidable, malgré les apparences, puisque nous ne connaissons rien au football. On vivra la rencontre de l'intérieur. La vue est dégagée, 7°C, pas de pluie annoncée, je mets les gants comme en attendant le bus et je m'enfonce dans le siège en plastique.


Le jeu est décousu. Normal, c'est la règle. Parfois, on a eu droit à ce genre de petite course (c'est le rouge qui a le ballon).


Mais la plupart du temps, ce sont des empilements d'où sort la vérité toute nue (la balle).


Durant les longues pauses, nous regardons les vendeurs de bière (light) et de chocolat chaud monter et descendre les marches.

Le monsieur à casquette et maillot rouge est un supporter de Kansas city. Un doux et tranquille fan qui papotera avec son voisin tout le match, manquant même de le réconforter vers la fin.


Trois hommes
d'une soixantaine d'années sont assis derrière nous. Ils semblent occuper le même siège depuis des décennies. Leur air entendu me laisse penser qu'ils ont connu les trois victoires en championnats des années 80. Au fur et à mesure des minutes, leurs soupirs se font plus longs.

"Allez-y, bande d'idiots, commencez à jouer au football", criera l'un d'eux une dizaine de fois. Il y aura même quelques "f... guys" et "s... guys" de lancés.

Un peu avant la mi-temps, on sent un mouvement de foule au-dessus de nous. Des encouragements fusent. "Chief, chef", entend-on crier. La mascotte non officielle réchauffe les troupes maigrelettes.


Par deux fois, "Hail to the Redskins" (loués soient les Redskins), l'hymne du club sera entonné et sortira les spectateurs de leur léthargie.



Pendant ce temps, assis à droite de madame, un homme bien emmitouflé dans une doudoune, casquette bien enfoncée sur la tête, a l'œil collé aux jumelles.



A cinq minutes de la fin du match, un petit groupe de jeunes hommes demande le départ du propriétaire du club. "Snyder, dehors, vends le club".
Personne ne jettera son maillot de dépit. Non, ce qu'ils veulent c'est le départ de l'homme d'affaires qui a déshonoré ce maillot.

Un coup d'œil à droite. L'homme aux jumelles est toujours fidèle au poste.



Devant nous, gorgés d'une bonne poignée de bières avalées au stade (8 dollars pièce), deux gars -supporters dépités des Redskins- manquent de se mettre dessus. Sous le regard du frère de l'un d'entre eux, un gamin de treize ans.

A la fin du match, un silence inhabituel envahit le stade. "Je n'avais jamais vu ça", écrit ce matin un journaliste du Washington Post. Plus de soutien, pas de révolte, les spectateurs quittent les lieux en file indienne. Certains se frottent les yeux.


3) Un sport de costauds, un jeu d'hommes.

Dans ce jeu, les kilos parlent et ils ont des choses à dire.


Dès qu'un joueur fait tomber son opposant (ou mieux encore, celui qui lance la balle, le quaterback), il entame une petite danse, gonfle les biceps, joue son Schwarzenegger. Il est heureux, cela se sent, cela se voit. Le bonheur de tous ces gens est à son comble quand ses coéquipiers viennent cordialement frapper leur casque contre le sien en signe de gratitude (contrairement aux cerfs qui se défient en cognant leurs bois).

Bon, j'ai l'air de me moquer mais les moments que je préfère sont ceux où les petites souris (les joueurs de moins d'1,80 mètre et de 90 kilos) se faufilent entre les costauds qui se tiennent. Enfin, l'action risque de dépasser 4 secondes.

On va dire que j'exagère, que tout est tactique... Je sais bien qu'il faut trois ou quatre paire d'yeux -ou bien être américain- pour déchiffrer les courses des uns et des autres dans tous les sens... Or, j'ai des lunettes et mes deux ans de présence effective sont insuffisants pour assimiler les subtilités du basket, du hockey et du football local (le baseball, j'ai abandonné).

Ça n'a aucun rapport, mais à la mi-temps, nous avons droit à la présentation d'un général au milieu du terrain, "a true american heroe".

Suit un morceau joué par l'orchestre des Marines (comme dit la pub... "The few, the proud, the marines"). Une sorte d'espagnolade poliment applaudie... Quand, soudain, venant de nulle part, surgissent cinq Marines et un drapeau qui viennent se planter au milieu du terrain... Et reproduisent la célèbre photo D'Iwo Jima.

Le stade gronde de fierté.

Dix minutes plus tard, sur les écrans défile le message enregistré d'un soldat en Irak. Re-applaudissements nourris.

Peut-être que le sport n°1 américain, celui qui se joue partout dans le monde (à l'arrière des combats, on voit les soldats se lancer des ballons), participe de cette alchimie entre la nation, sa fierté, ses muscles, ses armes, sa liberté, que sais-je encore...

En tout cas, à travers la quantité de testostérone déversée, j'y vois l'énergie brute qui nourrit les Américains... Des batailles (gagnées ou perdues), sportives ou à balles réelles, qui seront mises en scène à l'écran comme autant d'épopées.

J'ai également senti que le football américain, plus que d'autres activités, contient toutes les qualités d'organisation, cette qualité primordiale des États-Unis, une des racines de la construction de ce pays. A chacun son boulot ("good job girls", dit le speaker aux cheeleaders) et les vaches seront bien gardées. C'est la logistique faite sport.

Au fond, il faisait frais, le spectacle était plus dans les tribunes que sur le terrain. La défaite minait les regards. Mais y-a-t-il plus beau cadeau d'anniversaire que celui qui vous plonge, d'un coup d'un seul, au cœur de l'Amérique ?


La chanson du jour : maintenant que vous connaissez bien les paroles, voici différentes versions de "Hail to the Redskins" (guitare, symphonique, indien...).




Et la liste des " défaites sportives pénibles"
- Séville 1982 (la seule date suffit à me donner des spasmes).
- Dans les années 90, l'OM perd en demi-finale à Belgrade, je crois (en tout cas, je me souviens d'une soirée glauque).
- Henri Lecomte en finale de Roland-Garros ou Wimbledon (toujours l'impression que ce joueur n'est pas allé au bout de son potentiel... Frustrant).

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 15 octobre 2009

Halloween (saison 3)


Ce matin,
je me levais du pied gauche, gai et pompeusement optimiste, malgré la pluie qui ne nous quitte plus d'une botte, lorsque j'appris derechef que les banques américaines avaient engrangé des bénéfices record l'année dernière, ce qui les "obligeait" à les distribuer à leurs plus valeureux éléments.

Ce qui manqua de me faire choir de mon fauteuil simili cuir car je croyais que l'on était toujours en crise. Magasins fermés, chômage galopant, tout ça quoi... Même que j'en discernais déjà les conséquences sur la prochaine fête mensuel de notre calendrier américain, Halloween. Quoi, les vampires ne feraient plus recette ?

N'allons pas si vite en besogne. Disons que je trouve que mes voisins sont un peu en retard sur le plantage de tombes et le creusage de citrouilles. Ces deux dernières années, ils peaufinaient leurs horreurs un bon mois avant le jour fatidique. Là, quinze jours avant l'échéance, c'est le calme plat. Un seul jardin décoré alentour. L'affaire est grave.


Un parc d'attractions rempli de maisons hantées dans le Connecticut n'ouvrira pas cette année et donne rendez-vous à ses visiteurs en 2010... La crise, vous dis-je...

Bref, j'en étais à ces réflexions nuageuses quand je me réveillai dans un sex shop... Des affiches plus étonnantes les unes que les autres me faisaient de l'œil.







Happé par ce -comment dire- goût exquis, j'entendis un cri... Le petit garçon se prenait pour Buzz l'éclair. Je rejoignis alors la triplette dans le carré des costumes pour enfants du magasin d'Halloween de notre quartier qui les a installés (ses quartiers) en lieu et place du Linen & Things en faillite. Et qui remballera ses goules début novembre.


Il n'empêche... Je demeurai inerte. Halloween, une fête sexy ! Et moi qui n'y voyais qu'innocent commerce illicite de bonbons parrainé par le syndicat de dentistes locaux. Madame, du haut de son objective expérience de salariée experte en métro, confirme pourtant avoir vu l'an dernier des jeunes femmes en jupette et quelques marioles déguisés en vampires. Soit, dans quinze jours, il y aura des masques, des bas résille et des sucettes. Des décolletés, même.

Sans aucun rapport, tout cela me fait penser à une première fois. La première apparition d'Halloween dans ma vie, en France... Je devais atteindre les 20 ans... Vint Elvira, la princesse des ténèbres, que j'ai eu l'heur de croiser un jour dans un bar...


Avant de la fréquenter quasi-quotidiennement... A raison de 1 ou 2 francs pour 15 minutes de jeu (voire carrément plus si je claquais une partie gratuite).


(Vous ai-je jamais raconté ma passion des flippers ?)

La chanson du jour : Les grim grinning ghosts du "manoir hanté" de Walt Disney.



Un peu de poésie (c'est beau la poésie, tout de même...)



Et la liste des "flippers mythiques"
- Le Kiss (plein de couleurs, de bruit et de fureur)
- Le Family Adams (le multiballs était terrible, Cristina Ricci aussi)
- Le Xenon (au début des 80's, un des plus avancés en matière d'électronique, mais pas fun, trop de musiqe électronique)

(Maintenant, à vous de jouer)