lundi 28 septembre 2009

Tigres de papier


Pas eux, tout mais pas ça
... Alors qu'ici bas, les conversations sur le président de la République française deviennent plus rares, moins échauffées (comme si, pour tout dire, notre communauté francophone de Washington avait reporté ses espoirs de vote à 2017), voilà que le vénérable groupe Bayard Presse entre dans la danse sarkozo-critique avec plusieurs wagons de retard.

J'en tiens pour preuve la dernière édition des "belles histoires" auxquelles est abonné le plus jeune de notre trio. Dans ce numéro, la jeune Zouk (une apprentie sorcière qui a du caractère) reçoit une médaille de la part du premier personnage de l'Etat. Et que pense-t-elle, au moment d'être décorée ?


Je trouve ça, disons... pas très élevé, comme réflexion. Bon, le positif dans cette histoire (pas belle), c'est qu'elle nous a permis de rappeler à notre plus jeune enfant qu'un déficit de taille n'était pas insurmontable dans la vie.

En attendant, tous les soirs, madame lit aux enfants une nouvelle tirée des histoires inédites du... Petit Nicolas (le vrai, celui de Sempé).

La chanson du jour : Helena Noguerra chante en portugais.


La liste des "expressions formidables du Petit Nicolas"
- Terrible (quand c'est très très bien)
- Chouette (quand c'est bien)
- Des types (et parfois des tas de types)

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 24 septembre 2009

Un livre à défendre


Kelly Corrigan est une femme ordinaire. Elle a 42 ans, habite en Californie, a fait des études de lettres comme pas mal de monde, elle n'est pas un cordon-bleu mais essaie de ne pas empoisonner son entourage, n'aime pas l'exercice physique... Elle a aussi deux enfants, un mari et adore ses parents.

Et puis un jour, comme des milliers d'autres, elle apprend qu'elle a un cancer. Elle se bat, elle se soigne, elle guérit, elle écrit un livre. "The middle place" parle de sa vie, de son éducation, de ses parents, de ce qu'on lègue à nos enfants.

Elle trouve un éditeur. Et voilà. L'histoire pourrait s'arrêter là. Comme des milliers d'autres auteurs, dont les premiers pas vers le public sont confidentiels. Pas de tournée dans des grands salons ou d'émissions télé. Aucun journal national ne se déplace pour l'interviewer. Elle a des critiques positives dans des journaux régionaux.

Alors, elle décide de se faire connaître autrement. Une vingtaine d'amis organisent des réunions tupperware... Trois semaines de folle promotion. Elle va jusqu'à empiler les livres à l'arrière de sa voiture pour les vendre dans des marchés. Les ventes grimpent à 3500 exemplaires.

Qu'à cela ne tienne. Pour 3700 dollars, elle lance son site internet et crée une bande-annonce pour son bouquin. Elle se fait filmer lors d'une lecture. La vidéo, postée sur Youtube, est vue par 4,5 millions de personnes. Les ventes du bouquin décollent. Plus de 400 000 exemplaires ont été vendus.

Quant on voit les méthodes de sa mère, on n'est pas surpris par la volonté de la fille.

C'était le joli et doux conte du vendredi.


La chanson du jour : Royksopp chante "Remind me".



Et la liste des "écrivains que j'aime regarder à la télé".
- Patrick Modiano (personne ne l'interrompait, ou alors un Pivot amicalement respectueux)
-
Daniel Pennac (je ne cours pas après ses bouquins mais il donne envie de l'écouter)
- Marguerite Duras (fasciné par son pull)
- Jacqueline de Romilly (ah, si je l'avais eue comme prof...)

(Maintenant, à vous de jouer)

mercredi 23 septembre 2009

Peau-rouge de honte


C'est une affaire
qui s'éternise depuis 17 ans à Washington DC. Une histoire de nom, de mascotte, de respect et de gros sous, peut-être bien.

A ma gauche, une amérindienne (native-américaine, dit-on ici). A ma droite, le club des Washington Redskins, l'équipe locale de football américain.

En 1992, miss Harjo dépose plainte contre le club pour qu'il change de nom. Elle juge que celui-ci (redskin = peau-rouge) n'est pas respectueux pour son peuple. La plainte est laissée de côté et enfin instruite en 1998. De tribunal en tribunal, de preuve en contre-preuve, l'affaire arrive à la Cour Suprême qui doit statuer cette année.

De part et d'autre,
l'argumentaire est rodé.
- En portant des noms amérindiens, nous vous honorons, nous honorons les valeurs de courage et de dignité de vos ancêtres, dit le club.
- Non, vous ne nous honorez pas quand vous portez ce nom qui désignait nos ancêtres humiliés. C'est un stéréotype de plus contre nos peuples, réplique miss Harjo.
- Fermez-la, conclut le club.
Et ça a marché. Jusqu'ici.

Mais le combat des Indiens, engagé depuis les années 70, remporte des succès. A cette époque, il y avait plus de 3000 références amérindiennes dans le pays (noms de clubs de sport, de collèges, d'écoles, mascottes). Aujourd'hui, il y en aurait moins de 1000 dont celui des Indians, l'équipe de baseball de Cleveland.


Trop politiquement correct ? Il s'agit de respect, de refuser de se laisser réduire à des stéréotypes, à des gamins (et des adultes) qui, dans les tribunes, se peignent en rouge et font des "woo-woo" à longueur de match. (Quand on vous a volé vos terres, il vous reste cela).

Accessoirement
, si la Cour Suprême donne raison aux plaignants, le propriétaire du club devra leur verser des royalties sur chaque produit vendu.

Mais comme souvent, tout n'est pas blanc ou noir (ou rouge). Dans un sondage effectué en 2002 par Sport illustrated auprès des amérindiens, 83% d'entre eux ne trouvaient pas du tout offensant l'utilisation de noms ou de mascottes indiennes.

En images, allons sur le terrain de l'équipe universitaire de Floride, les bien (ou mal) nommés "Séminoles" où sa mascotte, le Chef Osceola, fait une apparition avant chaque match... Comme le dit le présentateur (ému) en fin de vidéo : "Ce n'est pas un match, c'est un festival".


La chanson du jour : une fois n'est pas coutume (indienne), elle est piochée dans un dessin animé.


Et la liste des " westerns aimés".
- Les sept mercenaires (surtout Lee Van Cleef, sombre moustachu)
- Pour une poignée de dollars (et tous les western spaghetti avec Eastwood)
- Fort Alamo (Il est fort Alamo, ce chanteur bien coiffé et jamais has been)

(Maintenant, à vous de jouer)

mardi 22 septembre 2009

Coeur de biker


Ce devait être
un week-end paisible à Ocean City, grosse ville balnéaire du Maryland, alanguie à 3 h de route de Washington. Une promesse faite l'hiver dernier aux enfants : "on va faire du mini-golf".

Hors saison estivale, il y aurait moins de monde. Nous avions réservé l'hôtel il y a deux mois, on ne sait jamais. Pour sûr, nous étions ignorants du drame qui allait se jouer.

Arrivés à proximité de la ville -une bande de béton coincée entre plage et mini-golfs-, on a vu quelques motos aller et venir. comme un week-end normal, quand le soleil doit rutiler sur les chromes des deux roues. Avec son cortège de cuirs estampillés Harley-Davidson, ses couleurs pétantes et surtout le vrombissement progressif des machines avant le passage au feu vert.


Quand, à l'entrée de l'avenue principale (15km de long), le défilé s'est fait plus dense, j'ai compris que l'inhabituel s'était invité à ce week-end.


Peu de voitures. Au bord de la rue, les seuls piétons étaient des hommes et femmes habillées de tongs et de tee-shirts, recouverts de cuirs, d'écussons. Pas de jupe à l'horizon. Pas la clientèle balnéaire. Des barbes aussi, de toutes sortes.

Le bruit était assourdissant, les motos passaient en groupes ou à la queue-leu-leu. Avec des couvre-chefs pour signaler son clan.


Et toujours ces brusques accélérations qui me ramenaient à un reportage sur Arte où un troupeau de lions se battaient pour les faveurs de la dernière femelle de la savane. Sur le trottoir qui tremblait, je sentais mes organes se recroqueviller.

Que dire du week-end ? A peine sorti de la voiture, on s'est réfugié sur la plage, il faisait très beau et chaud, on a vu de belles méduses échouées, on a fait trois parties de mini-golfs, les enfants étaient enchantés et tout ce temps-là, le tonnerre permanent signalait la présence des engins.

Je découvris qu'il s'agissait de la neuvième édition de la "bike week" du Delmarva (pour Delaware-Maryland et Virginie) et qu'il y avait plus de 100 000 bikers sillonnant la ville pendant quatre jours.


Les hôtels étaient remplis à ras-bord. Eux aussi étaient de la fête.


Au menu des festivités, des danses folkloriques, un mur de la mort de ce genre ou un concours de bikinis (avec des demoiselles dedans).

Manquait l'élection du plus gros pneu.


Et tout ce petit monde est accueilli à bras ouverts par les commerçants qui réalisent leur plus gros week-end de l'année en chiffre d'affaires.

La nuit, en traînant du côté des bars, on peut observer un étrange rituel. Des hommes font faire des "burnout" (brûler la gomme des pneumatiques) à des jeunes femmes, blondes de préférence. (Les dix dernières secondes de l'adoubement résument le week-end... Bruit, sex and fun).


La chanson du jour : évidemment.


La liste des "conclusions de ce wek-end homérique"
- Aucun débordement alcoolique à signaler (il y a eu un mort par accident).
- Les bikers ne se mélangent pas avec les amoureux des motos de course.
- Il n'y avait que des blancs à Ocean City. Les noirs ont leur propre bike week.

(Maintenant, à vous de jouer)

vendredi 18 septembre 2009

Le jerk


Ça y est, c'est fait
. Le grand garçon, à l'aube de ses dix ans, va entrer de plain-pied dans le vaste monde, et de la plus belle manière.

Figurez-vous que pas plus tard qu'hier, il a reçu une invitation pour intégrer le très auto-désigné select Capital Cottillion. Bon, en gros - et alors que des mères de familles américaines se demandent, sur forum internet, si les invitations sont réservées aux écoles privées ou bien accessibles à la plèbe des classes publiques-, il s'agit d'une invitation à payer 400 dollars par an pour apprendre les bonnes manières et quelques pas de danse.

Pour les bonnes manières, je suis certain qu'un enfant grandissant dans une famille lui permettant -une fois par mois- de dire autant de gros mots qu'il le souhaite en deux minutes chrono, n'est pas tombé chez des ingrats.

Mais j'avoue que pour la danse, j'hésite. Sachant que l'adolescent non boutonneux qui me précéda avait le plus grand mal à inviter une cavalière afin de la serrer comme un joint de coffrage, je me dis qu'un peu d'éducation en la matière ne ferait pas de mal.

Et puis, je vois les photos de chaque séance, veste et cravate obligatoire, à partir de 5 ans. Et là, je doute.

Et enfin, je découvre qu'il y a une tenue recommandée pour apprendre le disco. Pas de veste ni de cravate club, of course. Mais, dixit le parchemin 200 grammes reçu par la poste, "des chemises à col... Pensez à Saturday night fever". Recommander à un enfant de 10 ans qu'il pense à SNF, un film qu'il n'a jamais vu, un film à regarder en cachette, comme on déguste son premier cigare (dont on vomira plus tard les volutes avalées), ce n'est tout simplement pas possible.

Ces gens-là se méprennent sur le disco... Apprendre des danses de salon, pourquoi pas, les bonnes manières, allez, je vous le concède... Mais le disco... Cette danse du corps impatient... Tout bonnement impossible avant les montées d'hormone de l'adolescence, dis-je humblement.

Le Capital Cotillion, sur ce point, fait preuve d'un mauvais goût indéniable.


La chanson du jour : si vous en avez le courage, allez voir ce que donne l'improbable chanson "Le jerk" (pour amateurs d'Harry Potter).


Et la liste des "opérations douloureuses pour danser"
- Inviter la jeune fille sagement assise le long du mur.
- Trouver un sujet de conversation badin et coruscant
- Conserver la jeune fille dans ses bras pour le slow suivant (qui s'avère être 8 fois sur 10 "still loving you").

(Maintenant, à vous de jouer)Lien

mercredi 9 septembre 2009

Money, money, money (it's a Washingtonian world)


En France
, il y a le marronnier annuel, le "salaire des cadres", soit le meilleur moyen de gonfler de jalousie et d'exploser de rancune le soir, à table, devant les gosses.

Aux Etats-Unis, le topo est bien différent. A l'occasion du labor's day (le jour du travail, le 4 septembre), le Washington Post a publié les salaires de cent Washingtoniens. Le tout sur une double page de cent portraits surmontant le nom, la fonction et le salaire de chacun.


Une fois n'est pas coutume, j'ai eu envie de vous traduire l'article de présentation que je trouve très caractéristique de l'esprit américain (d'une manière que j'arrive mal à décrire).


"De toutes les questions sensibles de la vie -l'âge, le poids, la qualité de la vie sexuelle-, aucune n'est aussi tabou que celle qui cristallise de façon immédiate et parfaite la valeur de la vie :
Combien gagnez-vous ?
Peu de gens affichent volontiers leur revenu : ni les riches ni les pauvres, ni les classes moyennes.
Gagner trop peu et vous êtes en butte au ridicule. Gagner trop et vous êtes sujet à davantage de ridicule. A plus d'envie aussi.


Y a-t-il eu une époque dans l'histoire récente où un salaire -n'importe lequel- a semblé plus précieux qu'aujourd'hui, la pire crise économique depuis la crise de 29, avec un taux de chômage flirtant avec les 10% ?

Pour commémorer le jour du travail, le Washington Post a rassemblé les salaires de 100 habitants de la ville, en rassemblant les informations parues dans les entretiens et les données publiques.

La galerie représente à la fois le monde officiel et non officiel de Washington, du président Obama au portier de l'hôtel Madison, du patron de la National Riffle Association au cireur de chaussures.

Il y a ceux qui reçoivent leur paie sous la forme de salaires et bonus ; et il y a ceu qui la collectent dans une tasse en plastique.

Quelle que soit la forme du paiement, les chiffres suggèrent qu'il est bon d'être J.W Marriott Jr, le PDG de la chaîne d'hôtels, dont les revenus de 10 millions de dollars sont les plus importants de tous.

A l'autre bout du spectre, un homme de 77 ans, sosie d'Abraham Lincoln, a gagné un total de 9000 dollars l'année dernière.
Encore une fois, l'argent n'est pas la seule mesure de la valeur d'un travail, peu importe ce que les autres pensent."


Allez, quelques exemples sur les paroles de "Money, money, money", entonnée par ces jouvenceaux d'Abba (370 millions d'albums vendus).


I work all night,
(Wendy R. Mackall, 25 an, pompier, 50 868 $)

I work all day, to pay the bills I have to pay
Ain't it sad
(Aja Ishmael, 29 ans, assistante de maîtresse d'école, 18 550 $)

And still there never seems to be a single penny left for me
That's too bad
(Laura Auer, organisatrice de mariages, 25 ans, 21 000 $)

In my dreams I have a plan
(Hillary Clinton, 61 ans, Secrétaire d'Etat, 191 300 $)


If I got me a wealthy man
(Wayne R. LaPierre, 59 ans, directeur de la NRA, 673 617 $)

I wouldn't have to work at all, I'd fool around and have a ball
(Paul rhymer, taxidermiste, 47 ans, 75 000 $)

Money, money, money,
Must be funny
(Alexander Ovechkin, joueur de hockey, 23 ans, 9 000 000 $)

In the rich man's world
(Edwin K. Zechman Jr, 61 ans, PDG du National Children's medical center, 2 100 000 $)

Money, money, money
Always sunny
(Frank Fahrenkopf Jr, 70 ans, PDG de l'association américaine des jeux, 1 325 000 $)

In the rich man's world
Aha-ahaaa
All the things I could do
If I had a little money
( Glenn Royall, 42 ans, chauffeur de camion de fourrière, 42 600 $)

It's a rich man's world
(Thomas Donahue, 71 ans, président de la chambre de commerce américaine, 3 157 188 $)

A man like that is hard to find but I can't get him off my mind
Ain't it sad
(Jon Favreau, 27 ans, rédacteur des discours du président américain, 172 200 $)

And if he happens to be free I bet he wouldn't fancy me
That's too bad
(Jennifer Mendenhall, 49 ans, actrice, 18 616 $)

So I must leave, I'll have to go
To Las Vegas or Monaco
(Stephen Dumaine, 36 ans, joueur de tuba à l'orchestre symphonique, 125 000 $)

And win a fortune in a game, my life will never be the same
(Hector Panozo, 40 ans, livreur chez Fedex, 50 000 $)

Money, money, money
Must be funny
In the rich man's world
(Sonia Sotomayor, 55 ans, juge à la Cour Suprême, 208 100 $)

Money, money, money
Always sunny
In the rich man's world
Aha-ahaaa
( Barack Obama, 48 ans, président des Etats-Unis, 400 000 $)

All the things I could do
If I had a little money
It's a rich man's world
(Charles M. Klein, 41 ans, 35 000 $)

Money, money, money
Must be funny
In the rich man's world
(Adrian M. Fenty, 38 ans, maire de Washington, 200 000 $)


La chanson du jour : Carole King chante "Tapestry".



Et la liste des "raisons de ne pas se coucher le soir cette semaine".
- Lire (commencé le tome 1 des oeuvres complètes de Colette par la série des "Claudine", pur bonheur de lecture et de perversité ingénue, au top du podium des sous-estimés avec Simenon).
- Regarder la troisième saison de la "Maison blanche".

(Maintenant, à vous de jouer)

vendredi 4 septembre 2009

Syllogomanie


Vous vous rappelez,
la vieille dame ou le voisin un peu bizarre qui conservait des tas de trucs sans importance. Ces drôles d'olibrius qui en avaient plein leurs remises. Le ménage de printemps n'était pas passé par eux. On discernait à travers les vitres sales du garage des monceaux de sacs, une roue de vélo, des bidons d'huile mal refermés. Quelques fois des photos tachées.

Un jour béni entre tous dans l'année était celui où nous pénétrions dans ces garages, les chambres (et même des salles de bains) pour récupérer les vieux papiers et les apporter au prêtre du village. Il les revendait à la tonne. C'était le denier du culte des gamins.

Et puis j'ai lu hier, dans le Washington Post, la vie de deux frères dans le New York des années 30. Les frères Collyer, des ermites qui sont restés des années dans leur appartement, accumulant des tonnes de détritus en tous genres. La syllogomanie, ça s'appelle, un trouble obsessionnel compulsif.



Voir ces tas informes me rappelle la période (ça devait être entre le 1401ème et le 1500ème bouquin, soit vers l'âge de 17 ans) où je m'aventurais du côté du terrain de foot local, direction la déchèterie. Là, en équilibre instable sur la porte d'un frigo, broyant les épluchures d'une soupe, je farfouillais les ordures à la recherche de livres qui fussent usagés. Une période récupération, pourrait-on dire.

Peu importait le bouquin (il y en eu d'économie internationale datant de 1930), je n'en repartais pas sans avoir atteint mon quota d'une vingtaine d'unités. Et la nuit, dans le sous-sol, à la lueur de la lampe 40W, je m'exclamais en découvrant les notes griffonnées. La surprise maximale était atteinte lorsqu'un passage était souligné (voire stabilobossé) ET commenté dans la marge.

Incapable de raturer et encore moins de corner un bouquin, je demeure ébahi quand j'entends des personnes (parfois des gens très bien) dire qu'elles lisent toujours le stylo à la main et qui barrent, raturent ou consignent leurs réflexions dans la matière première. Dans mon rapport sacré au livre (quoique déclinant de mois en mois), ce sont des iconoclastes ou des fous.

Ainsi, je passais des heures sur un manuel de savoir-vivre de 1962, me délectant, page après page, d'une écriture (que je devinais masculine, jeune ou retraitée), d'un type de stylo (mon préféré étant le plume couleur violette) et d'une manière d'annoter. Le nerveux, qui raye un paragraphe, les points d'interrogations dans la colonne vide d'un esprit ouvert, les étoiles en page de garde de l'homme. Sans doute m'emparai-je, de la sorte, des personnalités qui s'étaient, elles-même, approprié un livre.

La chanson du jour : Jon la Joie, un garçon (très drôle) dit des choses (pas bêtes) sur la mort de Michaël Jackson.


Et la liste des livres "lus depuis 10 jours"
- Saison noire de Pat Conroy
- Les Bienveillantes de Jonathan Littell
- Meurtres dans le sancturaire de C.L. Grace
- Le mal de pierre de Milena Agus
- Le journal d'Hélène Berr
- La littérature sans estomac de Pierre Jourde

(Maintenant, à vous de jouer)