jeudi 30 avril 2009

Son sommeil



Macha Béranger
est morte voici quelques jours. A vrai dire, c'est la deuxième fois.




La première, c'était en 2006, lorsque son émission avait été rayée de la grille de France Inter, après 29 ans de présence.


J'ai été touché, hier, en regardant l'extrait d'une émission après qu'elle avait appris la nouvelle. Le jeune animateur (Marc-Olivier Fogiel) et les invités lui disent en substance : "Allez, Macha, c'est la vie, 29 ans, c'est bien, c'est assez long, c'est la loi du métier, tu le savais, ils veulent rajeunir l'antenne". Elle fit la même émission sur MFM, pendant encore un an.

Entre minuit et 2h du matin, elle écoutait ceux qu'elle appelait les "sans sommeil".

Dans la vingtaine, il m'arrivait, les nuits d'insomnie, de tomber sur Macha Béranger. Et de l'écouter écouter. On entendait les silences, toute la richesse de la radio, le direct, on imaginait la lumière -forcément tamisée- de la petite lampe posée à côté de son micro. L'intimité de la radio. Et voilà.

La nuit est propice à la parole, à la boisson ou au disco.

Ça n'a aucun rapport mais elle disait aussi que dans ses plus beaux rêves, elle rejoignait ceux qui l'avaient quittée. Ils l'aidaient à passer à la journée suivante.


Note : raconter pourquoi je lis, chaque jour, la rubrique nécrologique depuis le départ aux États-Unis.


La chanson du jour : Philippe Léotard chante "je chante pour passer le temps" de Léo Ferré (je n'aime pas les diaporamas sur les chansons, morbide, mais bon...).




Et la liste des "voix radio"
- La mienne (le bon pronostic en direct sur une station locale du résultat du match de la coupe du monde de foot France-Koweit (4-1 avec l'émir qui pénètre sur le terrain) et la voix qui tremble).
- Celle de l'animateur phare de cette radio qui tient l'antenne tout seul, alors que le permis d'émettre vient d'expirer. Pendant quatre heures, il parlera, assis sur le toit de la station et on l'écoutera. Il dira ce qu'il a cru possible, ce qu'il a aimé, il saluera ses amis taulards...
- Eugène Saccomano (M. foot d'Europe 1)
- Jean-Luc Hees (M. Amérique, France Inter)

(Maintenant, à vous de jouer)

lundi 27 avril 2009

Cote d'alerte


L'heure est grave,
solennelle et je me dois d'en appeler à votre sens du sacrifice. Ce blog -qui ne porte toujours pas de masque- va s'arrêter d'ici quelques semaines.

Non que je me lasse de cette activité ludique mais après quelque 200 billets doux, je vais atteindre le maximum de la mémoire photo offerte par Blogger. Pour tout vous dire, j'en suis à 91%. Entre les photos des deux blogs et celles des albums vacanciers, on atteint les deux mille images.

Alors soit :

- j'arrête de partir en vacances (car Picasa, qui gère tout le petit monde des photos du blog est utile aussi pour entreposer quelques centaines d'images de bestiaux et bestioles made in USA que nous envoyons en liens à nos parents éloignés).

- je ne poste plus de photos du tout (ce qui limite un chouïa l'intérêt des textes, qui constituent plutôt des chefs-d'oeuvre de légendes que des morceaux littéraires à croquer).

- je change d'hébergeur pour continuer à faire rugir le Potomacmicmac. Bonne pioche à priori. J'imagine qu'en payant un petit forfait mensuel, j'aurais droit à davantage que 1024 MB.


Mais pour aller où, pour quoi ?
Merci pour votre réponse.

En attendant, on va suivre le conseil de Phoenix : "run, run, run".


Et la liste des "amis qui ont des sosies célèbres" (avec photo, histoire de voir la barre des 100% d'un peu plus près)

- Le bon ami ressemble à Abe Lincoln sans barbe









- Le placide coupeur de convoi funéraire du billet précédent est la copie quasi parfaite de Steve Nash (meneur de jeu canadien de l'équipe de basket des Phoenix Suns)










- La formidable voisine est le portrait craché (dit-on) d'une princesse.









(Maintenant, à vous de jouer)

vendredi 24 avril 2009

Briseur de grave


Plus tordu comme titre, y'a pas. Mais il a sa propre logique, vous verrez. Oyez d'abord l'histoire qui est arrivée à un ami. Désolé, ma bonté naturelle m'interdit de le nommer mais sachez qu'il habite dans le Maryland.

Or donc, voici quelques jours, il est au feu rouge, dans sa voiture, nez en l'air. Il constate que pas mal de véhicules sont engagés dans le carrefour. Pas de problème, se dit-il, ils vont partir et lui permettre de tailler la route.

Voyant le vert s'allumer -et distraitement- il démarre et pile tout juste devant une voiture qui bloque toujours le passage. L'autre conducteur, loin de s'excuser, l'invective. Réplique de l'ami... Evènement pour le moins surprenant. Si vous le connaissiez, vous verriez qu'il est plutôt placide dans la vie. D'ailleurs, il possède une tortue que j'ai eu l'honneur de nourrir durant quelques jours, c'est tout dire.

Bref, il s'excite un peu et l'autre lui brandit alors devant le nez (manière de parler, deux vitres, même pas blindées, les séparent) un carton orange sur lequel est écrit "funeral" avant de reprendre sa route, furibard.

L'ami a fini son histoire. Il me regarde de l'autre côté du banc. Placide, l'ami. Moi, le museau qui se tord.

Instinctivement, je me mets à rire. Peu puis fort. Alors qu'il s'apprête à composer le 911 (numéro des urgences, entre autres psychiatriques), je lui explique qu'une des 120 questions à potasser pour le code de la route à Washington DC stipule qu'il ne faut JAMAIS couper un convoi funéraire. Même s'il traverse au rouge. Jamais, never.

Sauf que dans son Maryland, les règles pour avoir son permis sont bien différentes. Pas de code à réviser mais un pensum de quatre heures sur les ravages de l'alcoolisme et des drogues. Raconté ici, ça fait froid dans le dos.

Mon ami demande alors, le plus sérieusement du monde. "Et si le convoi avait fait 100 mètres de long ? J'en ris encore.

Bon, le titre maintenant. En sachant que "grave", signifie "tombe" en anglais, le reste du titre devrait couler de source.

Sauf que le jeu de mots est approximatif. Car 33% des Américains ont choisi la crémation en 2008 (et 99,70% des Japonais et 23% des Français).

De toutes façons, vous avez échappé aux titres suivants :
- "Il a failli passé sur le corbillard"
- "Funéraire de rien mais c'est un corbillard"
- "Le convoi roulait au rouge".


La chanson du jour : Wyclef Jean réinterprète "le concerto pour une voix" dans "Apocalypse".


Et la liste des " choses de la vie constatées en ce jour"
- J'ai vu trois hommes en train de fumer un gros cigare à 10 minutes d'intervalle.
- J'ai vu des enfants de 10 ans poser des questions à des adolescents de 15 ans et les seconds être aussi gênés que les premiers.

(Maintenant, à vous de jouer)

mercredi 22 avril 2009

Zamboni, oh oui !


Je rêve de glace
ces derniers temps. Pas celle au parfum cookie-caramel-cherry nappée de chocolat chaud et émaillée de petits morceaux de cacahouète (je déteste sans finesse excessive les Ben & Jerry's et autres parfums exotiques...).

Ce que je veux, maintenant, tout de suite, c'est ce genre de plaisir.


Enfin... Plus à l'horizontale.


Depuis notre voyage
dans la péninsule nord du Michigan (au menu, des forêts, de la neige et des lacs en partie gelés), il n'est pas d'heure ou je n'envisage un séjour en Alaska. Le visionnage récent de "Into the wild" avait planté la graine. Comme soupape, je prévois d'aller ces prochains jours acquérir un sac de couchage qui tient chaud à -40°. Histoire de l'essayer dans le congélateur taille américaine.

Circonstance atténuante, je me suis récemment pris de passion pour l'équipe de hockey de Washington. En suivant ces diables rouges -qualifiés pour les play-offs- à la télé, je retiens mon souffle à chaque fin de période. Le coeur bat la chamade.

Car c'est le moment où la machine fantastique fait son entrée. La Zamboni. De la voir en action, de l'entendre lisser la glace toute rayée pour en faire un sol immaculé me remplit de joie. Je ne suis pas le seul, apparemment, à craquer pour la géniale surfaçeuse.

Les Gear Daddies ont connu leur petit moment de gloire avec "I want to drive the Zamboni" (pour les fondus de la déesse, attention ! La vidéo propose de multiples photos de Zamboni tunées pouvant provoquer des palpitations).

Consécration ultime, Sarah Palin a déclaré au magazine People que Zamboni serait un chouette prénom pour un garçon.

Les plus acharnés se précipiteront sur les stages d'initiation que propose, deux fois par an, une patinoire dans la banlieue de Washington. Le maniement du mythe s'affiche à 70 dollars les deux jours. Il paraît que c'est un cadeau d'anniversaire très apprécié. Le Washington Post du 10 avril dernier a recueilli le témoignage d'une biologiste travaillant à la très sérieuse FDA (food and drog administration) qui s'éclate sur son jouet grandeur nature. Après avoir compris les subtilités de la lame et du niveau de pression de l'eau, elle n'a qu'un commentaire.

"C'est un rêve d'enfant qui se réalise".


La chanson du jour : Daniel Darc chante "la pluie qui tombe".



Et la liste des "rêves d'enfant"
... (je crois ne jamais en avoir eu).

(Maintenant, à vous de jouer)

vendredi 17 avril 2009

La tournée des grands lacs (Chicago)


Je vous avais laissé
dans la campagne du Wisconsin, surnommé le pays des produits laitiers de l'Amérique. Pour éviter une transition trop violente avec la bruyante et verticale Chicago, nous avons fait une halte dans sa banlieue. Plus précisément à Oak Park, là où Frank Lloyd Wright a vécu et travaillé pendant vingt ans. On peut voir dans son quartier une vingtaine de maisons qu'il a conçues entre 1898 et 1908.

Il y construit progressivement le style "prairie" pour des "pavillons d'un seul tenant ou en plusieurs parties reliées entre elles, dont l'intégration au paysage par le biais de l'horizontalité est particulièrement soignée" (phrase tirée de l'article de Wikipedia).




" Wright perçoit les pièces d'un bâtiment comme des organes autonomes qui constituent un corps cohérent. Il pousse l'analogie avec le monde vivant jusqu'à prétendre que la construction doit représenter la croissance d'un être vivant."



Quelques heures plus tard, je songeais encore à Wright en prenant l'ascenseur -et mon courage à deux mains- pour grimper au 99ème étage de la Sears tower.






Vu d'en bas, on pourrait résumer Chicago par deux histoires tragiques. Le grand incendie qui consuma en deux jours les maisons de bois du centre-ville. C'était en 1871 et il ne reste que ce château d'eau en pierre de l'époque antérieure.


Chicago, c'est aussi une rivière qui traverse la ville. Sa particularité : son cours est inversé. Car en 1885, une épidémie de choléra tua 90 000 personnes. Et oui, les eaux usées étaient déversées dans la rivière qui se jetait dans le lac Michigan... D'où était tirée l'eau potable. De gigantesques travaux pour abaisser le lit de la rivière ont alors été effectués.

C'est donc le lac Michigan...


... qui se déverse dans la Chicago River.



Bilan du séjour : entre les horizontales de Wright et les verticales de Chicago, il existe sans doute une troisième voie pour dessiner maisons et immeubles. Ce pourrait être la courbe qui, selon Jean Cocteau, est le chemin le plus court entre deux rêves.

Avec son "Cloud gate", Anish Kapoor ne dira pas le contraire.




La chanson du jour : Sufjan Stevens chante "Chicago".



Et la liste des " villes au bord d'un lac"
- Côme (d'habitude...)
- Genève (et je te bouscule...)

(Maintenant, à vous de jouer)

jeudi 16 avril 2009

La tournée des grands lacs (Wisconsin)


Au fur et à mesure
qu'on redescendait de la péninsule nord du Michigan, il y avait de moins en moins de neige. Logique, me direz-vous. Sauf que je ne veux pas. J'aime la neige. Je m'y suis habitué. Je veux lire les livres de Jim Harrison.

Mais le problème, c'est que la température remontait sacrément en même temps.

Alors, pour avoir des photos de vraie neige -et sa variante glace à l'eau- sur fond d'air doux, vous pouvez prendre une tour d'observation de 30 mètres de haut, construite dans un State park. Ce modèle familial, par exemple.


Vous montez sur les planches (quand il y a du vent et que vous vous appelez Yibus-vertigo, vous faites les deux derniers étages à quatre pattes) et vous appuyez sur le bouton de l'autofocus en fermant les yeux.




Vous avez aussi la variante transparence de l'eau. Plus proche du plancher des vaches.


A propos de transparence, j'hésite entre la couleur bleu-vert et vert-bleu, là.


Pour les photos suivantes, la dominante est plus simple à trouver, me direz-vous.





La reconstitution des événements -et surtout des lieux- chère aux Américains, permet des rapprochements acrobatiques entre une chapelle en écorce édifiée par un missionnaire français près de Green Bay à la fin du 17ème siècle...



... et les wigwams indiens bâtis deux cents ans plus tôt à l'abri des dunes.


Une anecdote pour finir.
Dans un coin de la péninsule du Door County, il y avait deux phares, deux amis qui guidaient les bateaux dans l'obscurité depuis depuis 1869. Le plus grand...


... distant de 300 mètres de son ami.


Pour entrer dans le port, les marins alignaient les deux lumières, évitaient les écueils et le tour était joué. Mais en 1969 la paire de phares a été remplacée par ce phare dernière génération, qui les nargue de l'autre côté de la route. Fin de l'histoire.


Retrouvez bientôt les aventures de Mister Yibus-vertigo en direct du 99ème étage de la Sears Tower à Chicago.


La chanson du jour : Brigitte Fontaine chante "Le nougat".



Et la liste des "peurs et autres soucis domestiques"
- Le vertige
- Les serpents
- les inondations

(Maintenant, à vous de jouer)

mardi 14 avril 2009

La tournée des grands lacs (Michigan)

Donc, six heures durant, nous pûmes nous échauffer en parcourant le coeur léger la distance qui sépare Washington DC de Cleveland. Tout ça pour, arrivés à 23h-repartis à 9h- avaler trois heures de bitume supplémentaire afin de gagner Détroit... Où nous avions rendez-vous avec Henry Ford. Sa vie, son oeuvre, son usine... Une des plus grandes du monde, qu'il a implantée à Dearborn (Michigan), là où il est né.



Et nous avons pu visiter la chaîne de montage d'un 4X4 (pas sûr qu'ils en vendent beaucoup de ces modèles). C'était un de mes rêves. J'y serais resté des heures, à voir quels gestes font les ouvriers, s'ils se parlent entre eux, ce qu'ils font d'autre que les mêmes gestes... Et la mécanique des pièces qui s'emboîtent.

Dans le musée Ford, on a pu voir l'écorché de la mythique ford T et ses 250 pièces, faciles à monter.


En cette mi-avril, en fin d'après-midi, Détroit m'a paru comme un grand trou d'air avec des ruines à quelques pas des buildings du quartier Renaissance (là où se trouve l'immeuble de GM).





Et puis on reprend la route. L'idée de ces vacances, c'est de faire le tour du lac Michigan dans le sens contraire des aiguilles de la montre. Grosso modo, on fait cinq heures de voiture quotidiennes et le reste du temps, on se balade, on mange, on dort et on prend des photos. Plus on monte, plus on voit de neige et de glace.





On rejoint, grâce à ce pont, la péninsule nord du Michigan.


Je voulais voir les gigantesques écluses de Sault Sainte-Marie, qui relient le lac Supérieur et le lac Huron. Par chance, un cargo arrive en même temps que nous. La propriétaire de la boutique de souvenirs voisine nous dit qu'il y a bien moins de bateaux qu'avant à cause de la crise.


Je médite sur l'information pendant une centaine de kilomètres, avec cet horizon devant les yeux.


Notre arrêt suivant est une plage du lac Supérieur où sable, glace, pierre et bois se mélangent.




En remontant vers le phare, on découvre ces panneaux plantés dans le sable.


C'est en mémoire du 10 novembre 1975, lorsque le Edmund Fitzegard, un grand cargo de 162 mètres de long coula au large de cette plage de Whitefish durant une terrible tempête avec ses 29 hommes d'équipage (dont ces trois jeunes hommes). Selon les archives, c'est la seule nuit en 150 ans où le phare n'avait pas éclairé le lac. Depuis 1878, il y a eu plus de 6000 naufrages sur les grands lacs.

Je médite sur les bateaux, les hommes, la mer et voilà deux autres centaines de kilomètres avalés. Au milieu des bois, une cascade qui mérite le détour, dit madame. Pour y aller, on passe par là.


Et on débouche là-dessus.



Du caramel qui s'écoule comme dans Charlie et la chocolaterie (en fait, des micro-particules tanniques des arbres, pas mauvaises du tout pour les poissons).


On a aussi vu
nos amies les bêtes de près (des wild turkeys), de plus loin (hérons et canards) et de carrément loin (daims à queue blanche).






Et voilà pour le Michigan (et une quinzaine de plaques d'immatriculation, ceci dit). Chose étonnante, nous sommes quasiment seuls la majorité du temps. Pour manger, en se promenant dans la nature. Prochaine étape, le Wisconsin.


La chanson du jour : Gordon Lightfoot chante "The wreck of the Edmund Fitzgerald".




Et la liste des "sports en hiver"
- Le ski de fond
- La raquette
- La raclette


(Maintenant, à vous de jouer)